La New Tunisia’s Investment Conference (Conférence pour l’Investissement de la Tunisie nouvelle), organisée récemment par Tunisie Valeurs et MAC SA, a attiré un grand nombre d’investisseurs en portefeuille étrangers, dont une quarantaine de représentants de fonds d’investissements. Une preuve, si besoin est, que le marché financier tunisien continue à intéresser, peut-être même un peu plus que par le passé, en raison de l’effet positif de la révolution sur l’image du pays. Les professionnels tunisiens pensent que la place de Tunis pourrait devenir encore plus attractive à l’avenir, à certaines conditions.
Optimiste, Fadhel Abdelkéfi, directeur général de Tunisie Valeurs, qui rêve d’un marché de trois cents entreprises cotées, affirme qu’il faut «une volonté politique» pour faire avancer le marché financier et estime que «le gouvernement de transition est en train de préparer cette progression».
Outre l’émission de «bons papiers», la réussite du marché financier tunisien, c’est-à-dire son accession à un autre palier, exige que «les banques commerciales et les intermédiaires se donnent la main, car ce sont ces banques qui peuvent aider à amener les entreprises en Bourse», note M. Abdelkéfi. Qui soutient que l’introduction de certaines entreprises confisquées –à laquelle le ministre des Finances, Jaloul Ayed, se dit favorable- peut également contribuer à propulser plus haut la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT).
Aziz Mbarek estime que Tunis est déjà un «hub pour l’investissement et la création d’emplois pour le Maghreb et l’Afrique». Du moins pour Tuninvest qui utilise la Tunisie comme base pour opérer dans ces deux régions. Mais comment en faire une vraie plaque tournante financière? Pour ce fondateur et associé à Tuninvest, le changement politique intervenu est déjà en soi un grand acquis auquel les investisseurs ne pourront pas ne pas être sensibles, comme l’a été Tuninvest.
En effet, ce groupe s’était lancé voici quelques années dans une stratégie de développement au Maghreb et en Afrique, dont on connaît aujourd’hui l’une des motivations. «Nous nous sommes lancés dans cette stratégie parce que nous n’étions plus en sécurité en Tunisie. En Tunisie, quand on investissait on devait se tracer des limites à ne pas dépasser, sinon on s’exposait ainsi que sa famille à risques», déclare Aziz Mbarek.
En conséquence, révèle aujourd’hui ce cadre dirigeant, «Tuninvest n’a pas investi durant les 30 derniers mois et a déjà approuvé trois projets depuis le 14 janvier 2011».
Toutefois, s’il est nécessaire, le changement intervenu n’est pas suffisant pour rendre la Tunisie plus attractive aux yeux des investisseurs étrangers. Selon Aziz Mbarek, la communauté des affaires tunisienne doit «pousser les nouvelles autorités à œuvrer en vue de rendre l’environnement des affaires totalement libre». Et il donne deux exemples de changements souhaités.
D’abord, il appelle à lever les restrictions sur le franchising injustement considéré selon lui comme «non générateur de plus-value», et l’interdiction aux investisseurs étrangers à investir dans certains secteurs –la distribution, par exemple.
Ensuite, il faudrait, selon Aziz Mbarek, autoriser les banques locales à financer les investissements des entreprises tunisiennes au Maghreb en particulier, et à l’étranger d’une façon générale et sans avoir à «demander l’aval de la BCT».