éroport de Marseille-Provence, le 28 septembre 2011 (Photo : Boris Horvat) |
[30/09/2011 05:20:11] PARIS (AFP) Après des mois de négociations tendues, les hôtesses et stewards ayant même menacé un temps de faire grève en plein chassé-croisé estival, Air France ouvrira le 2 octobre de nouvelles liaisons depuis Marseille et y basera du personnel pour contrer les “low-cost”.
Les premiers avions fonctionnant avec une nouvelle organisation du travail décolleront d’ici une semaine vers 13 nouvelles destinations dont Bâle-Mulhouse, Biarritz, Brest, Athènes, Copenhague, Moscou, Beyrouth ou Istanbul.
“Les réservations sont très élevées, notamment vers le Moyen-Orient”, a récemment relevé Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d’Air France.
Après Marseille, Nice et Toulouse doivent accueillir en 2012 une “base province”.
Le but est de contrer les compagnies comme Ryanair et Easyjet, qui ne cessent de gagner des parts de marché sur le court et moyen courrier.
Comment? Des prix réduits grâce à une rotation journalière plus importante des avions et une productivité accrue des personnels, issue d’une nouvelle organisation du travail.
Le service, lui, restera conforme aux standards de la compagnie.
“Nous n’avons pas du tout l’intention d’offrir à bord de ces avions un service low cost”, a affirmé Pierre-Henri Gourgeon.
Paiement par carte, enregistrement sur internet, choix du siège, presse, collation ou repas resteront donc gratuits.
“Ce projet est un défi ambitieux car la compagnie a décidé de répondre en interne à une réalité du transport aérien tel qu’il est consommé aujourd’hui par certains passagers”, note Jean-Louis Barber, le président du SNPL (pilotes).
“D’autres compagnies ont décidé de prendre des parts dans des structures low-cost, comme Lufthansa qui a créé une filiale ou comme Air France l’avait fait pour les charters avec Transavia”, poursuit le responsable syndical.
Pour instaurer ce modèle à mi-chemin, la direction a dû faire passer en interne l’idée d’une productivité accrue: horaires plus longs partiellement compensés par une augmentation de salaire. Les jours de repos seront plus nombreux, mais au final le nombre d’heures travaillées par an sera plus élevé.
Le principe des nuits en “découché” (escale) disparaît, ce qui constitue “une vision différente du métier” selon un commandant de bord. Et le rattachement exclusif à Orly ou Roissy prend fin.
Chez les pilotes (4.200 salariés), le SNPL (70%) a négocié et signé en juin un accord, finalement approuvé par seulement 55% de ses adhérents. “Les pilotes sont un peu dans l’attente, pèsent le pour et le contre (…), il faut que le projet démontre maintenant sa pertinence”, explique Jean-Louis Barber.
Chez les hôtesses et stewards (15.000 personnes), le dialogue a été plus difficile au point que début juillet, faute d’accord avec les syndicats, Pierre-Henri Gourgeon annonçait unilatéralement un appel à volontaires.
Bronca chez les hôtesses et stewards, jusqu’au dépôt d’un préavis pour quatre jours… du 29 juillet au 1er août.
Finalement, les négociations ont repris mais seul l’Unac (CFE-CGC) a approuvé le texte final, les deux autres syndicats représentatifs (Unsa et SNPNC-FO) estimant qu’il actait un recul social.
“Je ne partage pas leurs craintes”, explique Frank Mikula, responsable Unac, qui estime que “ce qui va conditionner le statut des agents à l’avenir, ce n’est pas tant les conditions de travail au départ de Marseille, mais plutôt la santé de l’entreprise”.
La compagnie a en tous les cas trouvé les 200 hôtesses et stewards prêts à être basés à Marseille, avec l’aide de quelques recrutements. Côté pilotes, il manque encore des volontaires, mais “le programme va pouvoir démarrer tout à fait normalement”, assure Air France.