à Montréal (Photo : Marie Laure Josselin) |
[30/09/2011 22:05:35] MONTREAL (AFP) “Je n’ai pas tweeté depuis une heure, c’est difficile”, lance le jeune maire de Calgary, Naheed Nenshi, qui dirige la quatrième agglomération canadienne depuis un an, en recourant largement aux médias sociaux.
Cherchant le contact avec ses administrés grâce à Facebook ou Twitter, ce fils d’immigrés a réussi à s’imposer grâce à son charisme, son humour, son verbe facile et ses projets dans une ville réputée conservatrice.
Avec ses boucles brunes, ses petites lunettes et son grand sourire, Naheed Nenshi l’affirme à l’AFP: “Au Canada et particulièrement à Calgary, il est possible de faire et d’être ce que l’on veut, peu importe d’où l’on vient”.
Né à Toronto, alors que ses parents d’origine indienne venaient à peine de débarquer de Tanzanie, il grandit à Calgary.
Musulman issu d’un milieu modeste, il obtient un bac en commerce à l’université de Calgary puis une maîtrise en politique publique à l’université d’Harvard, avant d’être entrepreneur, chroniqueur, conseiller en gestion, professeur et finalement maire de Calgary, ville de l’ouest connue pour ses cow-boys, son stampede (festival de rodéos) et son industrie pétrolière florissante. Il n’a que 39 ans.
“En grandissant, je n’ai jamais pensé un instant qu’à cause de ma religion ou de mes origines, il y ait quoi que ce soit que je ne puisse accomplir”, lance-t-il, alternant le français et l’anglais lors d’une rencontre à Montréal avec des investisseurs et des familles qu’il essaie d’attirer dans sa ville.
Après avoir vécu à New York, Amsterdam, Toronto ou encore Boston, c’est tout naturellement qu’il est revenu à Calgary et son agglomération de 1,2 million d’habitants. Beaucoup de médias ont titré lors de son élection en octobre 2010: “Le premier maire musulman d’une grande ville canadienne”.
“Quand j’ai gagné l’élection (…) je suis soudainement devenu connu au plan national et international. J’ai vu mon histoire sur CNN, Al Jazeera, dans le magazine Time”. Pas dupe, il sait que c’est dû au fait qu’il représente ce qu’on appelle une “minorité visible” et à sa religion. Mais, martèle-t-il, à Calgary “ça n’a jamais été un problème lors les élections”.
Il a mené campagne en dénonçant les dépenses excessives de l’administration précédente et en misant sur l’amélioration de la vie quotidienne, une meilleure gestion de la ville ou encore la lutte contre la pauvreté.
Lui qui possède plusieurs chapeaux de cow-boy ne cesse de vendre sa ville comme un lieu “remarquablement ouvert d’esprit et accueillant”. “Le chapeau de cow-boy n’implique pas une étroitesse d’esprit”, lance-t-il.
Il porte une cravate à rayures violettes, sa couleur, un mélange de rouge (couleur des libéraux) et de bleu (les conservateurs) pour dire qu’il n’est “ni de droite ni de gauche”.
Petit, il n’a jamais rêvé de la mairie. Mais il relate, en rigolant, qu’il était un vrai “nerd”, un solitaire obnubilé par ses études.
Cependant, ses administrés peuvent facilement lui parler. Il ne lâche que très rarement son téléphone. Le réseau social Facebook et le site de microblogs Twitter n’ont pas de secret pour lui. Les médias sociaux ont été ses puissants alliés lors de l’élection.
“Si on veut réussir, il faut aller voir les gens où ils habitent (…) beaucoup vivent aussi en ligne. Twitter est un média qui permet une communication directe. Ca ne manque pas d’ironie car les messages font seulement 140 caractères mais ça permet une conversation plus approfondie que lorsque je suis en train de faire un discours à un millier de personnes”.
Et il l’assure, on ne tombera pas sur un collaborateur: lui seul répond, personne n’a son mot de passe.