édération syndicale (CGTP) à Lisbonne le 19 mai 2011 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[01/10/2011 11:39:19] LISBONNE (AFP) Des milliers de personnes sont attendues samedi après-midi à Lisbonne et Porto pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement, confronté ainsi à la première grande manifestation nationale depuis qu’il a pris ses fonctions en juin.
“Nous attendons des milliers de participants”, a indiqué Arménio Carlos, l’un des responsables de la CGTP, la principale confédération syndicale qui a appelé à cette journée d’action.
Des dizaines d’autocars ont été affrétés pour acheminer les manifestants de l’ensemble du territoire, selon le syndicaliste.
“Les gens sont assez découragés, ne croient plus en rien et baissent les bras, mais ils commencent à se rendre compte de la nécessité de manifester contre les politiques du gouvernement”, a confié à la télévision Sic Noticias une trentenaire originaire de l’Algarve (sud) qui s’apprêtait samedi matin à monter dans un car en direction de Lisbonne.
L’objectif de cette manifestation est de protester “contre l’apauvrissement et les injustices” d’une part, et pour défendre “l’emploi, les salaires, les pensions et les droits sociaux” d’autre part, affirment les organisateurs de ce mouvement dans un communiqué.
Après le mouvement des policiers et gendarmes mercredi pour exiger des revalorisations salariales, Fenprof, la principale fédération syndicale des enseignants portugais, a également appelé les professeurs à se joindre au défilé de la CGTP qui s’élancera dans les rues de Lisbonne et Porto à partir de 14H00 GMT.
Les professionnels de l’Education veulent faire entendre leurs voix sur “les problèmes de l’école publique ou encore le chômage de milliers d’enseignants”, a expliqué à l’agence Lusa le professeur Miguel Reis.
Troisième pays après la Grèce et l’Irlande à bénéficier d’une assistance financière, le Portugal s’est engagé auprès de l’Union européenne et du Fonds monétaire international à mettre en oeuvre un rigoureux programme d’austérité afin de réduire son déficit, assainir les finances publiques et relancer l’économie.
à Paris le 16 septembre 2011 (Photo : Miguel Medina) |
Pour y parvenir le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho, issu des élections de juin dernier, a déjà mis en oeuvre une série de mesures drastiques: une taxe extraordinaire sur les revenus, diverses hausses d’impôts, une baisse des prestations sociales ou encore le maintien du gel des salaires et des embauches des fonctionnaires.
“Ces décisions politiques adoptées par le gouvernement de droite entraînent la récession économique”, “creusent les inégalités” et attaquent violemment l’Etat social”, critique la CGTP dans un communiqué.
La manifestation de la CGTP intervient au lendemain de la publication de mauvaises nouvelles macroéconomiques qui mettent à mal les efforts du Portugal à assainir ses finances et qui risquent encore de durcir le programme d’austérité.
Les statistiques officielles ont révélé un déficit au premier semestre plus important qu’escompté (à 8,3% du PIB) et loin encore de l’objectif que s’était fixé le gouvernement de le ramener à 5,9% à la fin de l’année.
Ce dérapage s’explique en partie par la découverte de dettes non déclarées de l’archipel de Madère et qui entraînera de nouvelles “mesures de correction” budgétaire l’année prochaine, a indiqué vendredi le ministre des Finances Vitor Gaspar.
Jusqu’à présent le gouvernement, qui a appelé à la “paix sociale” et défendu le dialogue avec les partenaires sociaux sur les sujets les plus sensibles, est parvenu à limiter le mécontentement.
Mais la vague de contestation ne devraient pas s’arrêter samedi. Plusieurs mouvements de jeunes précaires ont déjà annoncé une manifestation le 15 octobre à Lisbonne, dans le cadre d’une journée d’action internationale convoquée par les mouvements d'”indignés” nés ce printemps dans plusieurs pays européens.