é le 30 septembre 2011 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[02/10/2011 21:41:46] STRASBOURG (AFP) Le dernier haut-fourneau lorrain en activité va fermer lundi à Hayange (Moselle), une fermeture temporaire selon le groupe ArcelorMittal, mais qui pourrait signer l’arrêt définitif de la “filière liquide” dans la région, s’inquiètent syndicats et élus.
Le numéro un mondial de la sidérurgie a annoncé le 8 septembre la fermeture pour une durée indéterminée du haut-fourneau P6 du site de Florange (situé sur le territoire de la commune de Hayange), spécialisé dans la fabrication d’acier à très haute valeur ajoutée.
Cette fermeture, justifiée par une baisse saisonnière de l’activité, est “conjoncturelle, temporaire et provisoire”, a assuré le 9 septembre le directeur du site Thierry Renaudin. Promesse relayée mardi par le ministre en charge de l’Industrie Eric Besson, qui a déclaré espérer un redémarrage du haut-fourneau “pour le début de l’année prochaine”.
En attente d’un feu vert bruxellois, un ambitieux projet de captage-stockage de C02 pourrait voir le jour à Florange, pour lequel l’Etat français a prévu 150 millions d’euros dans le cadre des investissements d’avenir, a-t-il rappelé.
Mais l’annonce, survenant après la prolongation de l’arrêt du second haut-fourneau de Florange (le P3), et deux ans après la fermeture à Gandrange (Moselle) d’une autre usine d’Arcelor, a suscité l’inquiétude des syndicats et des élus.
à Hayange, le 6 août 2009 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
Samedi, une manifestation a réuni de Hayange à Florange près de 1.500 personnes, avec à sa tête des élus de tous bords, dont le président UMP du conseil général de Moselle Patrick Weiten et la députée socialiste Aurélie Filipetti. Les commerçants de la vallée, en signe de solidarité, ont baissé leur rideau de 14 à 16 heures.
“Le P3 devait redémarrer à la rentrée, ce qui n’a pas été le cas. Au contraire, on nous a arrêté le P6”, déplore Edouard Martin, représentant CFDT au comité d’entreprise européen d’ArcelorMittal.
Signe particulièrement alarmant pour les syndicats, le fait que le groupe ait initialement prévu “zéro euro pour la maintenance” pendant la suspension de l’activité. “A Gandrange, ça a commencé comme ça, le budget de maintenance a été réduit à peau de chagrin, au point que l’outil n’a plus été rentable faute d’entretien”, explique M. Martin.
L’Etat a finalement obtenu, en échange de la validation du plan de chômage partiel présenté par Arcelor, que l’entreprise s’engage sur un programme de maintenance d’un montant de 4,2 millions d’euros, se félicite le délégué.
Les syndicats accusent l’entreprise de vouloir supprimer la “filière liquide” en Lorraine au profit des installations côtières, plus rentables.
De fait, le PDG du groupe Lakshmi Mittal a annoncé la semaine dernière qu’il allait mettre en oeuvre “un plan d’optimisation des actifs d’un milliard de dollars” d’ici fin 2012 en concentrant “la production sur les usines à plus bas coût”.
D’ores et déjà, environ 1.100 personnes en CDI (contrat à durée indéterminée) vont être concernées par des mesures de chômage partiel, selon M. Martin. 400 intérimaires ont été remerciés et des licenciements sont à craindre parmi les quelque 400 personnes travaillant pour des sous-traitants d’Arcelor, ajoute-t-il.
Vendredi, un grand SOS composé de lettres lumineuses de trois mètres de haut a été accroché par les syndicats en surplomb de la vallée.