“Il faut réduire drastiquement l’extraction et l’exploitation des hydrocarbures”

Par : Tallel

Après la chute des régimes égyptien et tunisien, les manifestations et les
mouvements de protestation se poursuivent dans les autres pays du Maghreb. Pour
que la région revienne au calme, il est indispensable que ces pays développent
leurs économies et fournissent du travail à leurs populations.

Il s’agit d’un défi immense pour ces économies trop dépendantes de la
globalisation d’une part et des
hydrocarbures d’autre part. L’union économique
entre les pays du Maghreb, si longtemps repoussée par les dirigeants des
différents pays, est largement désirée par leurs populations.

L’Algérie dispose en 2011 de 173 milliards de dollars de réserves en devises
placés à 40% dans les bons de trésor américains à 1, 5% de taux d’intérêts.

Il est temps que les pays du sud, ceux qui ont des réserves de change comme
l’Algérie, investissent dans l’économie réelle et la production dans d’autres
pays du sud. Cela relancerait la croissance mondiale et l’emploi. J’avais
proposé en 2008 un fonds souverain en devises, dont les placements
s’orienteraient vers des entreprises stratégiques non pas seulement
financièrement, mais stratégiques pour l’économie algérienne. D’autres types de
placements seraient à mettre en place. Mais le contexte financier international
qui se dégrade plaide vers des investissements productifs en Algérie et dans les
pays voisins dans le cadre d’une communauté économique maghrébine.

D’après toutes les recherches, le gaz a une durée de vie qui ne dépasse pas 20
ans et le pétrole une dizaine d’années. La consommation domestique va augmenter
avec l’accroissement de la population (50 millions d’habitants). L’après pétrole
et gaz se prépare dès maintenant.

En l’absence de réformes en profondeur de tout l’appareil productif et des
circuits de distribution en rupture avec le modèle rentier actuel, l’Algérie
irait à la catastrophe, avec à la clé la pauvreté et la misère pour la grande
masse. Les plus nantis iront en Europe ou aux États-Unis avec leurs familles
profiter des milliards de dollars détournés depuis l’indépendance.

C’est pourquoi, je propose de réduire drastiquement l’extraction et
l’exploitation des hydrocarbures afin que les générations futures en profitent
et que les réserves soient dans le sous-sol plutôt que dans des circuits
financiers avec les incertitudes inhérentes à un système financier sans dieu ni
maître et dont les États ont laissé libre cour à l’imagination des spéculateurs
cupides et malhonnêtes.

En ce qui concerne la Tunisie, d’après le gouverneur de la Banque centrale (La
presse du 27/04/2011), le taux de croissance du PIB devrait se situer entre 0 et
2%. Le nombre de demandeurs d’emploi a dépassé 700 000 contre 500 000 il y
quelques mois. La situation en Libye (retour massif des Tunisiens), le
ralentissement du secteur touristique, les réticences des investisseurs
étrangers, la désorganisation des entreprises, des administrations et des
banques en sont les facteurs explicatifs. Les Tunisiens discutent de la nouvelle
constitution et cherchent un modèle approprié, mais il y a une prise de
conscience d’aller vers un pays démocratique et une économie concurrentielle.

Les réserves de change sont passées de 6,5 mrds € en début d’année à 5,5 mrds €
à fin avril 2011. Elles ne couvrent que 123 jours d’importations.

Les pays du Maghreb ont les atouts afin de faire face à cette mondialisation et
cette domination de la finance internationale qui annoncent des lendemains
difficiles.

En tenant compte des spécificités du Maghreb et du refus probable, au moins
pendant quelques décennies, d’abandonner la monnaie nationale et par-là même de
transférer la souveraineté monétaire à une entité supranationale, il est proposé
de mettre en place une monnaie commune le ‘’dinrham’’ (contraction des mots
dirham et dinar) qui cohabiterait avec les monnaies nationales. Son rôle est de
faciliter les échanges de biens, de services et de capitaux sans altérer le
droit de battre monnaie de chaque État. L’objectif est de passer d’un taux des
échanges entre pays du Maghreb de 2 à 40% , ce qui est la moyenne des échanges
au sein des zones économiques internationales.

Quels que soient les systèmes politiques qui domineront les pays du Maghreb, le
développement économique et l’emploi détermineront leur devenir et la stabilité
sociale.

Pourquoi ne pas commencer par une construction régionale économique et monétaire
comme première étape vers l’édification d’une Union plus institutionnelle ?
Autrement dit, bâtir d’abord une Communauté économique maghrébine (CEM) avant
d’aboutir à une Union maghrébine (UM).

Dans des pays à forte progression démographique et une population jeune, des
taux de croissance des PIB autour de 4% sont insuffisants pour résorber le
chômage.

Il existe trois gisements d’évolutions favorables des économies :

– une lutte implacable contre la corruption (gain estimé de 2% du PIB),

– une intégration économique maghrébine (gain estimé de 2% du PIB),

– une réduction drastique des dépenses militaires (gain estimé de 2 à 3% du
PIB).

Cette démarche doit s’accompagner d’une réduction drastique des budgets défense.

La solution aux problèmes économiques actuels dépend aussi des comportements des
forces politiques qui doivent placer l’intérêt général au-dessus des intérêts
partisans et individuels. La régionalisation devrait placer en son cœur
l’intervention économique et s’accompagner de la mise en place d’organismes de
contrôles empêchant la constitution de féodalités locales.

Source :
http://www.econostrum.info/Il-faut-reduire-drastiquement-l-extraction-et-l-exploitation-des-hydrocarbures_a6826.html