à New York le 1er octobre 2011 (Photo : Mario Tama) |
[03/10/2011 17:35:51] NEW YORK (AFP) Les manifestants qui conspuent Wall Street depuis deux semaines sous les fenêtres du sanctuaire de la finance mondiale se revendiquent du “printemps arabe”, mais leur inspiration semble plus proche de celle des “indignés” européens.
La poignée d’anticapitalistes, qui a déroulé des sacs de couchage il y a deux semaines dans un petit square près de la Bourse de New York et brandi des pancartes en carton, affirmait suivre l’exemple des manifestants égyptiens de la place Tahrir au Caire.
Mais, en réalité, il y a beaucoup plus de différences que de similitudes entre ces deux mouvements. Le nombre de manifestants d’abord: à New York ils sont beaucoup moins nombreux qu’au Caire. Leur but ensuite: aux Etats-Unis personne ne cherche à renverser un gouvernement. Le contexte enfin: aucun risque pour les anticapitalistes de se faire tirer dessus par la police.
Et pourtant, maintenant que le mouvement “Occupons Wall Street” entame sa troisième semaine, les “anti-Wall Street” sont de plus en plus pris au sérieux. Des occupations similaires ont émergé de Los Angeles à Boston, en passant par Chicago.
à New York le 1er octobre 2011 (Photo : Mario Tama) |
Et les manifestants new-yorkais espèrent recevoir cette semaine le soutien des syndicalistes, après avoir reçu lundi celui, plus inattendu, du milliardaire George Soros. “J’ai de la sympathie pour leurs opinions”, a dit l’investisseur américain lors d’une conférence de presse à l’ONU.
En réalité, quelles sont les griefs de ces apprentis-révolutionnaires?
Demandez à une dizaine de ces manifestants, pour la plupart jeunes et très instruits, et vous obtiendrez dix réponses différentes: le renflouement par Washington des banques de Wall Street, le chômage, l’endettement des étudiants, les brutalités policières ou encore le réchauffement climatique.
Tentez alors de dénicher un porte-parole pour le groupe et vous vous heurterez à une nouvelle difficulté: aucun d’entre eux n’accepte d’endosser cette responsabilité.
“Chacun ici a une raison et un but qui lui est propre”, résume Anthony, un manifestant de 28 ans. Le sien, pour le moins ésotérique, est de “faire de ce camp un univers sûr et autonome, libéré des règles extérieures”.
Au vu de la popularité croissante de l’initiative, le mouvement pourrait en réalité se rapprocher des manifestations des “indignés” européens qui, dans la rue, crient leur rage et leur frustration face à l’impuissance des gouvernements à régler la crise financière.
En Espagne, en Italie, en Grèce et maintenant en Israël: tous ces milliers de jeunes au chômage et de fonctionnaires étranglés partagent la même amertume et la même angoisse face à la réduction des aides publiques.
Aux Etats-Unis, ces mêmes inquiétudes sont dorénavant partagées par les déçus du président Barack Obama et par les inconditionnels opposants à l’élite politique et économique du pays.
Au début, les “anti-Wall Street” ont eu du mal à capter l’attention des médias. Aujourd’hui, même si leurs objectifs restent obscurs, il n’en est plus rien.
“Nous sommes sur la place et il est devenu impossible de nous ignorer”, affirme ainsi Anthony.
Samedi, la mobilisation a pris un nouveau tour. L’arrestation des 700 manifestants qui bloquaient la circulation sur le pont de Brooklyn a provoqué un fort soutien sur internet et une publicité sans précédent pour le mouvement.