ésident de la BCE Jean-Claude Trichet le 4 octobre 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[04/10/2011 17:21:45] BRUXELLES (AFP) Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a critiqué mardi la gouvernance dans la zone euro et exclu que la BCE puisse refinancer le fonds de secours européen (FESF) pour augmenter sa force de frappe, comme cela a été évoqué pour enrayer la crise de la dette.
Pendant sa dernière audition devant le Parlement européen, M. Trichet a exclu que la BCE puisse contribuer à refinancer des fonds de secours alors que l’idée a été évoquée par les Européens à propos du FESF, dont les capacités de prêts s’élèvent à 440 milliards d’euros, mais dont ils veulent “maximiser” la force de frappe.
Pour y parvenir, plusieurs pistes sont à l’étude dont celle passant par la transformation du FESF en banque : il serait doté non plus de garanties, mais de fonds propres, et donc autorisé à emprunter de l’argent auprès de la Banque centrale européenne (BCE) pour ensuite venir en aide aux Etats.
La BCE pourrait aussi être appelée à garantir les opérations de rachat de dette publique réalisées par le FESF.
Le président de la BCE a également une nouvelle fois mis en cause dans le déclenchement de la crise de la dette la faiblesse de la gouvernance dans la zone euro
“Toutes les économies avancées ont connu une alerte. Ne soyons pas surpris qu’en zone euro, cela soit concentré sur nos gouvernements”, a déclaré M. Trichet, dont le mandat de huit ans s’achève le 31 octobre. Avant d’ajouter : “Nous avons un gros, gros problème de gouvernance”.
Mardi devant la Commission des Affaires économiques et monétaires à Bruxelles, il a rappelé la proposition qu’il avait faite en juin d’améliorer les structures de l’union monétaire et notamment de créer un ministère des Finances de la zone euro qui aurait un oeil sur les budgets des Etats membres.
Interrogé sur les rapports de la BCE avec les gouvernements européens, il a reconnu que l’institution monétaire leur avait adressé des messages dans le cadre de la gestion de la crise, mais a nié toutes pressions.
“Il y a eu un processus continu de messages avec l’ensemble des gouvernements. Nous ne leur dictons rien, ce n’est pas notre rôle”, a-t-il affirmé alors que les médias italiens notamment rapportent que le plan d’austérité adopté par Rome a largement été dicté par la BCE.
M. Trichet est également revenu sur les critiques adressées à la BCE pour les mesures qu’elle a adoptées depuis le déclenchement de la crise de la dette, et plus particulièrement son programme de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire, destiné à faire baisser les taux d’emprunt des pays les plus en difficulté et menacés d’asphyxie.
“Certaines voix disent que nous ne sommes pas allés assez loin, d’autres trop loin. Nous avons essayé de rester aussi prudents que possible”, a-t-il dit. “Nier la réalité de la plus grave crise traversée depuis la Seconde Guerre mondiale aurait été une erreur terrible” a-t-il insisté.
Accusé de se montrer plus sévère avec les Etats qu’avec les banques, M. Trichet a souligné que ces dernières devaient modifier “leurs règles de fonctionnement”.
“Il n’est pas question de revenir au +business as usual+. Il faut des changements drastiques. Nous ne sommes pas complaisants à leur égard, nous continuons de leur demander de renforcer leurs fonds propres, de ne pas engager des paquets de rémunération. Ceci est un travail continu”.