Les nouvelles exigences des créanciers se heurtent à la rue

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éou le 4 octobre 2011 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[04/10/2011 17:51:26] ATHENES (AFP) Le ministère grec du Travail a été occupé mardi à Athènes, à la veille d’une grève générale dans le secteur public, par des manifestants communistes qui refusent les nouveaux efforts demandés par les bailleurs de fonds du pays, notamment un abaissement du salaire minimum.

La veille à Luxembourg, la zone euro avait reporté du 13 octobre à la mi-novembre toute décision sur le versement d’une prochaine tranche du prêt international dont Athènes a un besoin vital pour éviter la faillite, en réclamant des mesures nouvelles d’économies pour 2013 et 2014, et des privatisations supplémentaires.

Ce report a fait plonger mardi les places boursières mondiales, l’indice de la Bourse d’Athènes a chuté de 6,28% pour s’établir à 730,33 points, son plus bas niveau depuis 18 ans.

Dans ce contexte négatif qui ravive les craintes sur un défaut de la Grèce, le Premier ministre Georges Papandréou s’est entretenu mardi soir au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel des dernières évolutions sur la Grèce et l’Europe.

De son côté, le ministre grec des Finances Evangélos Vénizelos a répondu mardi aux médias, après son retour de Luxembourg, que de nouvelles économies ne seraient “pas nécessaires”, “à condition que les mesures déjà annoncées soient appliquées”.

Il a relativisé le report de la décision sur le versement du prêt, jugeant que la Grèce pouvait tenir jusqu’à la mi-novembre, et assuré que les efforts déjà effectués par les Grecs ont été jugés “impressionnants et ont changé le climat”.

Selon la presse grecque, les mesures nouvelles demandées par les créanciers (UE, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) portent sur une accélération de la réforme du marché du travail pour abaisser les coûts du travail et relancer l’activité en Grèce, où l’économie est totalement asphyxiée par trois ans de récession, dont presque deux d’extrême austérité.

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ère grec du Travail le 4 octobre 2011 (Photo : Louisa Gouliamaki)

La troïka aurait demandé un abaissement du salaire minimum (750 euros) et une révision des conventions collectives qui régissent les salaires dans les entreprises privées.

Cette mesure touchant le privé interviendrait après l’abaissement général du traitement des fonctionnaires et des retraites appliqué en 2010 à la demande des créanciers, et le relèvement de nombreuses taxes et de nombreux impôts.

Le grand quotidien grec Ta Néa évoquait la “torture chinoise de la goutte d’eau” utilisée par la troïka sur la Grèce avant de débloquer les huit milliards d’euros initialement promis en août, en application de l’échéancier du prêt international de 110 milliards sur trois ans accordé en mai 2010, dont la Grèce a reçu 65 milliards à ce jour.

Même si aucune manifestation d’envergure n’a eu lieu depuis la rentrée, les actions de protestation sporadiques contre l’austérité, auxquelles se mêlent étudiants et lycéens opposés à la réforme de l’enseignement supérieur, se multiplient.

Quelque dizaines des 200 manifestants du syndicat communiste Pame qui ont occupé mardi le ministère grec du Travail ont réussi à pénétrer à l’intérieur du bureau du ministre Georges Koutroumanis pour protester contre tout abaissement du salaire minimum.

Ailleurs dans Athènes, des blocages se poursuivent devant les ministères, où les inspecteurs de la troïka sont censés avoir des rendez-vous pour terminer leur audit des comptes publics.

Mercredi doit avoir lieu la première grève de 24 heures depuis la rentrée à l’appel du syndicat du public, l’Adedy, touchant essentiellement les fonctionnaires et les employés des entreprises publiques qui protestent contre la mise en chômage technique de 30.000 salariés d’ici à la fin de l’année.

Le 19 octobre, l’Adedy et la centrale du privé, la GSEE, prévoient une grève générale de 24 heures.