Dexia : la France et la Belgique déterminées à agir vite et à moindre coût

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ée à Paris le 5 octobre 2011 (Photo : Lionel Bonaventure)

[05/10/2011 12:11:27] PARIS (AFP) La France et la Belgique, co-actionnaires de Dexia, semblent déterminées à agir vite pour dépecer la banque, une nouvelle fois au bord de la faillite, tout en s’efforçant de rassurer les marchés sur le coût de ce sauvetage en pleine crise de la dette.

Le ministre français de l’Economie François Baroin a confirmé mercredi que le démantèlement de la banque franco-belge était en marche, précisant que pour la partie collectivités locales, celle qui inquiète le plus les élus locaux, une “réponse très importante” serait apportée dès jeudi.

Le Premier ministre belge, Yves Leterme, avait annoncé la veille au soir que son gouvernement avait approuvé la création d’une structure de défaisance (“bad bank”) pour délester Dexia de ses actifs à risque.

Les Etats belge et français apporteront leur garantie à ces actifs dont la valeur atteint 95 milliards d’euros.

Par ailleurs, la banque binationale va être scindée en deux, la branche française, qui finance les collectivités locales, étant appelée à être reprise par la Caisse des dépôts et la Banque Postale.

“C’est la piste la plus sérieuse”, a reconnu mercredi M. Baroin. “Nous sommes en train de travailler sur une solution solide, structurée (…) Je pense que demain la solution devrait être trouvée”, a-t-il ajouté.

A la Bourse de Paris, le titre Dexia regagnait 8,83% à 1,10 euros à 13H15 (11H15 GMT).

Mais en pleine crise de la dette, alors que l’état des finances publiques des pays de la zone euro est scruté par les marchés, la perspective que deux Etats comme la France et la Belgique se portent garants sur une centaine de milliards d’actifs pourris n’est pas sans inquiéter. D’autant que c’est la deuxième fois que Paris et Bruxelles volent au secours de Dexia.

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à Bruxelles (Photo : Dirk Waem)

“On est pris à la gorge”, s’est inquiété l’ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. “Le gouvernement français va sans doute intervenir, mais si on se met ça sur le dos, ça veut dire que notre triple A ne va pas être conforté”.

“Excessif” et “inexact”, a réagi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer : l’intervention de la France en faveur de Dexia ne menace pas la note “AAA” du pays, la meilleure possible pour un Etat.

“Il n’y a pas d’incidence”, avait déjà assuré M. Leterme côté belge mardi soir, interrogé sur le risque d’un alourdissement de la dette du royaume.

M. Baroin a expliqué que l’opération “n’alourdira pas la dette de l’Etat français” car Bruxelles n’intégre pas les garanties aux établissements financiers dans le calcul de la dette publique.

Du côté des agences de notation, on rappelait que la note de la France est toujours restée au plus haut, même lorsque le pays a accordé en 2008 un aide massive de 360 milliards d’euros à ses banques.

Pour Jérôme Cahuzac, le président PS de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, la France n’avait de toute façon pas le choix: “l’expérience de la faillite de Lehman Brothers nous a appris qu’on ne peut pas laisser tomber une banque faisant courir un risque systémique”.

“Ce qui s’apprête à être proposé devrait régler la question du financement de Dexia”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Cela dit, il nous avait été dit que cette banque avait été sauvée en 2008 et force est de constater qu’en dépit du remarquable travail de Pierre Mariani (le patron de Dexia, ndlr) et de ses équipes, cela n’est en définitive pas le cas”, a-t-il ajouté.

En plein débat européen sur la recapitalisation des banques européennes, le gouverneur de la Banque de France a écarté de son côté le risque que d’autres établissements français soient victimes de la même crise de liquidité que Dexia.

“Pour les banques françaises dont je m’occupe, elles sont très solides, je le redis. Franchement, je suis beaucoup moins inquiet pour les banques françaises que pour les banques américaines”, a affirmé M. Noyer.