à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[06/10/2011 10:34:34] BERLIN (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) était tiraillée jeudi entre un maintien de ses taux par peur de l’inflation et une baisse pour aider la zone euro à sortir de la crise, lors de la dernière réunion présidée par le Français Jean-Claude Trichet.
“Nous ne nous attendons pas à ce que la BCE baisse ses taux jeudi même si nous ne pouvons pas exclure cette possibilité non plus”, écrit Michael Schubert, économiste chez Commerzbank.
L’institution monétaire de Francfort (ouest) devrait maintenir son principal taux directeur à 1,50%, selon son analyse.
Un avis partagé par la majorité des économistes qui il y a quelques jours encore prévoyaient un relâchement quasi-certain de ce baromètre du coût du crédit en zone euro, en raison de la dégradation du climat économique et financier, en particulier en zone euro engluée dans une crise de la dette qui menace la Grèce de faillite.
Le FMI, après l’OCDE début septembre, a d’ailleurs prévenu mercredi qu’il n’excluait pas une récession au niveau mondial en 2012, avant d’inviter les banques centrales à “faire une pause ou machine arrière” dans leur politique monétaire. Après les deux hausses opérées en avril et juillet, de 25 points de base à chaque fois, la BCE semblait depuis quelques semaines prête à suivre cette voie. Mais c’était compter sans l’inflation.
La hausse des prix s’est établie en septembre à 3%, selon des données provisoires publiées vendredi. Au plus haut depuis mi-2008, elle se situe pour le dixième mois consécutif au-dessus du seuil de 2% en rythme annuel visé sur le moyen terme par la BCE.
éenne de Francfort (Photo : Daniel Roland) |
Bien que tout le monde -y compris M. Trichet- s’accorde à penser qu’il s’agit d’un phénomène transitoire, lié au coût des matières premières et de l’énergie, “les faucons du conseil des gouverneurs seront particulièrement circonspects concernant une baisse”, analyse Christian Schulz, de Berenberg Bank. Ce qui signifie que la discussion s’annonce rude dans une institution qui prend ses décisions par consensus.
La plupart des économistes estiment toutefois que faute de baisse dans l’immédiat, M. Trichet devrait préparer le terrain pour un tel mouvement dès le mois prochain ou au plus tard en décembre. Soit sous la présidence de son successeur, le gouverneur actuel de la Banque d’Italie Mario Draghi, qui prendra ses nouvelles fonctions le 1er novembre.
La BCE devrait en revanche annoncer dès ce jeudi de nouvelles actions en faveur des banques de la zone euro, dont la santé inquiète, lors de sa réunion décentralisée à Berlin.
Mercredi, la chancelière allemande Angela Merkel a exhorté l’Europe à accélérer la recapitalisation des banques qui en ont besoin tandis que selon plusieurs sources les ministres européens des Finances ont demandé au régulateur bancaire européen (EBA) de plancher sur les éventuels besoin en recapitalisation dans l’hypothèse d’une importante décote des titres grecs.
Signe du malaise dans ce secteur: les dépôts au jour le jour auprès de la BCE connaissent depuis fin août des pics importants, les banques en excès de liquidités préférant les placer auprès d’elle que de les prêter à d’autres établissements qui en auraient besoin.
En outre la BCE a été contrainte de réactiver son programme de prêts en dollars, certains établissements semblant dans l’incapacité de se refinancer sur ce marché.
Alors qu’elle leur prête déjà à taux fixe et pour des montants illimités sur une semaine, un mois et trois mois, l’institution monétaire de Francfort (ouest) pourrait annoncer une nouvelle opération sur six mois et offrir sa première opération sur un an depuis décembre 2009.
à Bruxelles (Photo : John Thys) |
Les déclarations de M. Trichet sur le programme controversé de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire de la BCE seront également guettées comme celles sur la possibilité de permettre au fonds de secours européen, le FESF, et à son successeur en 2013, le MES, de se refinancer auprès d’elle. Une éventualité qui n’a pas sa faveur.
Sur le plan humain, la dernière conférence de presse de M. Trichet, à 12H30 GMT, à l’issue de huit ans de mandat, s’annonce “particulièrement poignante”, selon les économistes de RBS. “Il part dans une période de grande incertitude et laisse à M. Draghi une BCE en mode de gestion de crise”.