Amiens le 8 juin 2011 (Photo : Philippe Huguen) |
[06/10/2011 15:16:59] PARIS (AFP) Deux ans après l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs sur des lignes internationales, Thello, coentreprise entre l’italien Trenitalia et le français Veolia Transdev, est la première à défier la SNCF sur ses terres en proposant des trains entre Paris et Venise.
Souvent annoncée, sans cesse repoussée, l’arrivée du premier concurrent de la SNCF doit finalement se faire à partir du 11 décembre sur des trains de nuit à destination de l’Italie.
Thello a annoncé jeudi qu’il fera circuler quotidiennement un train de nuit au départ de Paris (Gare de Lyon) vers Venise et un autre en sens inverse sur la même liaison.
Les trains desserviront dans chaque sens Dijon, Milan, Brescia, Verone, Vicenza, Padoue et les deux gares de Venise (Mestre et Santa Lucia).
Ces nouvelles liaisons sont une attaque frontale contre la SNCF, qui était jusqu’ici associée à Trenitalia au sein de l’alliance Artesia. En février dernier, les compagnies avaient annoncé qu’elles allaient mettre un terme à leur collaboration.
“Notre politique tarifaire n’est pas très différente de celle de la SNCF mais nous proposerons davantage de billets à petits prix”, détaille Ronan Bois, directeur commercial et Marketing de Thello, qui a annoncé une mise en vente à partir de 35 euros.
La compagnie, qui assure en revanche avoir repensé totalement le service à bord des trains, entend par ailleurs mettre l’accent sur la qualité de l’accueil. Le groupe LSG Sky Chefs, qui travaille notamment avec de plus de 300 compagnies aériennes, sera en charge de la restauration et de l’accueil.
“Nous avons voulu tout simplifier par rapport à ce qui existe actuellement, une seule équipe sera donc chargée de tout le service à bord. La simplicité était également notre credo en ce qui concerne la réservation et l’échange de billet”, explique M. Bois.
Thello, qui table sur une fourchette de 250.000 à 300.000 passagers par an, proposera trois niveaux de confort aux voyageurs: le compartiment avec six couchettes (offre la plus économique), le compartiment avec quatre couchettes, ou bien la cabine pour une à trois personnes équipée de lits et d’un lavabo.
Avec un seul trajet proposé par Thello, l’arrivée de la concurrence se fait plutôt sur la pointe des pieds. Le groupe espère toutefois agrandir l’offre dès mi-2012 avec également des trains de nuit entre Paris et Rome.
La coentreprise affirme par ailleurs toujours étudier la possibilité de lancer des trains à grande vitesse vers d’autres pays européens mais dans un deuxième temps, les difficultés pour faire homologuer le matériel étaient encore loin d’être surmontées, selon une source proche du dossier.
Malgré la manne que pourrait représenter le marché français, deuxième d’Europe après l’Allemagne avec 30.000 kilomètres de lignes dont près de 2.000 à grande vitesse, les groupes ne se bousculent pas au portillon.
Pour l’instant, Thello est le seul à avoir officiellement demandé des sillons en France.
Contrairement au secteur aérien, de nombreuses difficultés techniques freinent les velléités des opérateurs privés.
Par ailleurs, les lignes intérieures françaises, déjà très convoitées par certains opérateurs comme la Deutsche Bahn, ne sont pas encore ouvertes à la concurrence. Un règlement européen impose toutefois que les conditions de l’ouverture à la concurrence soient en place d’ici à 2019.