ésente le nouvel iPod Nano à San Francisco, en Californie, le 1er septembre 2010 (Photo : Justin Sullivan) |
[06/10/2011 19:48:25] NEW YORK (AFP) Steve Jobs, créateur du baladeur iPod et de la boutique iTunes, est reconnu comme l’homme qui a révolutionné l’industrie du disque en l’engageant, définitivement mais non sans douleur, sur la voie du numérique.
Lorsque Apple a lancé le baladeur iPod en 2001, cela faisait déjà quelques années que la musique était codée au format MP3 et que des fabricants comme SanDisk ou Sony commercialisaient des baladeurs.
Mais, autant Sony “ne cessait d’élever des barrières” pour protéger son label Sony Music, sous la forme de limitations de formats notamment, autant “Apple voulait que les consommateurs en profitent au maximum”, souligne James McQuivey, analyste chez Forrester Research.
Deux ans plus tard, la boutique en ligne iTunes, appuyée sur le succès de l’iPod, devenait la première à développer massivement le téléchargement légal de la musique, en imposant des conditions draconiennes aux distributeurs, obligés de se plier à un prix unique et à la vente de chansons à la pièce.
“Apple a pris le dessus de l’industrie de la musique aux dépens des producteurs, parce que le groupe était totalement centré sur le consommateur”, ajoute M. McQuivey.
Huit ans plus tard, le milieu musical, des artistes aux grandes associations de producteurs, rend pourtant un hommage unanime à Steve Jobs.
L’association américaine du disque RIAA lui sait gré en particulier de lui avoir permis de contrer le piratage et l’échange de pair à pair (P2P), qui privaient les labels de toute recette.
“Avec le lancement d’iTunes et d’autres plateformes, Steve et Apple ont permis qu’il soit de nouveau facile et acceptable de payer pour écouter de la musique”, notait jeudi le PDG de la RIAA Cary Sherman, en rendant hommage à Steve Jobs.
Aujourd’hui, les statistiques de la RIAA montrent que l’explosion de la musique numérique a doublé les ventes totales de musique en volume, et divisé par plus de trois les ventes de CD entre 2003 et 2010.
Mais le numérique, toutes plateformes confondues (iTunes, services sur abonnement, offre financée par la publicité…) continue à moins rapporter que les CD.
“La distribution numérique représentait 29% du total des recettes du secteur” en 2010, soit 4,6 milliards de dollars, a noté en début d’année l’association mondiale IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique). La tendance est tout de même à la hausse: on n’en était qu’à 25% un an plus tôt, et aux Etats-Unis le numérique approche les 50%.
Parallèlement, si iTunes reste de loin le plus grand distributeur de musique numérique, selon Forrester Research, sa position n’est plus aussi dominante.
D’une part parce que les labels ont “fini par apprendre à se mettre au numérique”, note M. McQuivey, expliquant que les producteurs ont plus d’interlocuteurs avec qui négocier: des distributeurs concurrents d’Apple, comme Amazon, mais aussi des sites et radios en ligne comme Pandora et Spotify.
D’autre part, ils ont fini par créer leur propre canal de distribution numérique avec la page YouTube de vidéos musicales, Vevo, financée par la publicité.
En outre, note M. McQuivey, Apple “n’a pas porté iTunes au niveau supérieur” et semble avoir raté le coche de l’internet “social”.
Apple “facilite l’achat et l’écoute de musique (…) mais il n’a pas fourni de moyen pour faire partager ses musiques, et découvrir des musiques à travers le goût des autres”, souligne-t-il.
En tout état de cause, la musique amorce un reflux dans l’univers d’Apple: le cabinet de marketing NPD a noté qu’aux Etats-Unis, 75% des visiteurs d’iTunes y achètent de la musique, contre 82% l’an dernier, les internautes achetant de plus en plus d’applications, y compris musicales.
“Le succès de Pandora est largement lié à celui de l’iPod et (de la tablette) iPad”, a noté M. McQuivey, “parce que les clients d’iTunes veulent d’autres façons d’accéder à la musique”.