Steve Jobs, un patron de fer

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à San Francisco, le 7 juin 2010 (Photo : Ryan Anson)

[07/10/2011 16:13:44] CUPERTINO (Etats-Unis) (AFP) Le co-fondateur d’Apple Steve Jobs a mené le groupe d’une main de fer pour le mener au sommet, ne reculant pas devant la dureté dans sa quête de la perfection.

Depuis l’annonce de son décès mercredi, les hommages à son “génie visionnaire” n’ont cessé de pleuvoir, mais ceux qui ont eu l’occasion de l’approcher ont aussi dressé le portrait d’un homme qu’il valait mieux éviter de contrarier.

“Il était comme une rock star, avec une personnalité sur scène, et une autre quand il avait eu une mauvaise journée”, se rappelle Jay Elliot, qui fut durant cinq ans directeur des ressources humaines aux débuts d’Apple, et qui a publié en début d’année le livre “The Steve Jobs Way”, analyse des méthodes de gestion à la façon Apple.

Le magazine Forbes a classé Steve Jobs, réputé sans pitié et impliqué dans tous les détails de la gestion de l’entreprise, au “Panthéon des patrons tyranniques”.

“Il avait un côté cruel”, affirme également l’analyste indépendant Rob Enderle. “Malgré tous ses succès, il avait un incroyable complexe d’infériorité, et ne réagissait pas bien quand il se sentait menacé”.

Les anecdotes sont légion sur des employés licenciés pour des motifs plus ou moins légers, et les épreuves infligées aux nouvelles recrues.

Un jour on lui avait demandé de remonter le moral d’une équipe d’Apple en difficultés – au lieu de cela, il avait livré un sombre pronostic sur la durée de leur contrat au cas où les choses ne s’amélioreraient pas. L’équipe s’était améliorée.

Pour M. Elliot, ceux qui critiquent Jobs oublient souvent le contexte: s’il y avait des affrontements brutaux avec les employés et une inclination à suivre de très près les projets en développement, c’était pour obtenir le meilleur produit, pas pour viser personnellement ses interlocuteurs.

“Il essayait simplement de faire de son mieux pour améliorer les produits et l’entreprise”, ajoute M. Elliot, soulignant qu’Apple est l’une des entreprises du secteur de la high-tech où le taux de renouvellement des employés est le plus faible.

“Sa qualité, qui était de changer le monde avec des produits incroyables, dépassait de très loin ses défauts qui heurtaient des gens”, conclut-il.

Notoirement réticent à la philanthropie, il avait supprimé les programmes caritatifs d’Apple lorsqu’il était revenu à la tête de l’entreprise en 1997.

Son goût du secret est bien connu. Il se gardait bien de mettre en scène sa vie privée, et au niveau de l’entreprise, la discrétion était érigée en dogme, si bien que cette semaine encore les causes officielles de sa mort n’ont pas été révélées par le conseil d’administration.

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à San Francisco, devant une vieille photo de lui (D) avec Steve Wozniak (Photo : Justin Sullivan)

Steve Jobs, qui a eu trois enfants avec sa femme Laurene entre 1991 et 1998, était devenu père d’une fille quand il avait 23 ans, mais il n’a jamais subvenu à ses besoin et a mis des années avant d’admettre sa paternité.

En août dernier, son père biologique Abdulfattah John Jandali, un octogénaire né en Syrie qui dirige aujourd’hui un casino dans le Nevada (ouest), avait déclaré au tabloïde New York Post qu’il ne l’avait jamais connu: sa mère biologique l’avait fait adopter à sa naissance en raison de l’opposition de sa famille à leur mariage. Steve Jobs a été élevé par Paul et Clara Jobs, un couple de Califoriens modestes.

Le co-fondateur d’Apple, Steve Wozniak, a raconté de son côté qu’il avait fondu en larmes en apprenant a posteriori, plusieurs années plus tard, que Jobs l’avait escroqué aux tout début de leur collaboration.

A l’époque, Apple n’existait pas. Les deux hommes avaient été embauchés par Atari pour réduire le nombre de processeurs dans une console de jeux. Steve Wozniak, le meilleur ingénieur des deux, y était arrivé au-delà de toute espérance et Apple avait confié à Jobs 5.000 dollars comme prime de réussite. Mais Jobs avait raconté à Steve Wozniak qu’Atari ne lui avait donné que 750 dollars, qu’ils s’étaient partagés.

“Au bout du compte, Steve Jobs était quelqu’un de formidable”, conclut M. Enderle. “Souvent c’est le défaut qui est dans le diamant qui en fait la valeur”.