Benetton ne quitte pas la Tunisie, mais des menaces pèsent sur le secteur textile/habillement

La conjoncture est on ne peut plus difficile pour l’économie tunisienne. Avec un
climat politique et social qui connaît des bas plutôt que des hauts, les jours
qui viennent risquent de nous engouffrer encore plus dans l’incertitude, la
spéculation et le pessimisme pour certains. Et la polémique sur le film iranien
diffusé sur Nessma TV n’a fait qu’ajouter à la tension et à la confusion.

Il est admis que l’économique et le politique sont intrinsèquement liés. On l’a
bien expérimenté en Tunisie où l’économie peine encore à renaître de ces
cendres. Il est vrai que par rapport à la conjoncture politique, la situation
s’avère moins catastrophique qu’on ne le pensait. Les revendications sociales,
les grèves et autres sit-in ont affecté considérablement la majorité des
secteurs. Les sociétés étrangères ont eu leur dose -comme d’ailleurs les
sociétés tunisiennes. Toutefois, on a remarqué une certaine reprise qui fait
renaître, par ricochet, de l’espoir pour une croissance positive d’ici la fin de
l’année.

Des craintes…

L’angoisse générée par l’attente. On a beau rassurer les investisseurs étrangers
quant au rétablissement de la sécurité, l’avenir démocratique en Tunisie, le
climat d’affaires favorable. Mais ce qui leur rassurera le plus, ce sont les
résultats des élections, qui se tiendront dans quelques jours, le 23 courant.

«Les prises de décision se feront en fonction de ce qui se passera dans les
jours qui viennent», indique Samir Haouet, directeur général du Centre Technique
du Textile (CETTEX). Il ajoute que cette période est cruciale pour le secteur
textile et habillement, puisque c’est un début de saison au cours duquel les
entreprises reçoivent les carnets de commande. La survenue de troubles
sécuritaires pourraient impacter la performance du secteur pour le reste de
l’année. «Ce n’est pas le bon moment pour créer de la tension sociale qui ne
servira qu’à alimenter les craintes. Ceci ne rassure personne et ça pénalise le
secteur», lance-t-il.

Vigilance…

Le textile/habillement a été pris en otage, comme les autres secteurs, des
revendications sociales, des sit-in et grèves. La reprise s’est faite lentement.
Cependant, au mois de septembre 2011, les exportations ont augmenté de 11,29% en
dinars et de 9,24% en euros. Une situation en progression positive mais ceci
n’apaise pas les craintes tant que le climat politique et social restera encore
tendu.

D’ailleurs, une information a circulé dernièrement concernant un éventuel
transfert de certaines activités de Benetton Tunisie au Maroc. Une rumeur, nous
dit-on au CETTEX, qui a provoqué une angoisse au sein des investisseurs dans le
secteur. «Benetton est bien implanté en Tunisie. Il est présent aussi au Maroc
et il veut étendre ses activités là-bas. Il ne s’agit point d’un départ», nous
précise M. Haouet. D’ailleurs, on apprend que le groupe projette d’installer une
plateforme à Gafsa.

Mais le risque est toujours présent. Ce qui requiert de la vigilance pour
conserver les investissements dans le pays. Le responsable du CETTEX affirme que
le concurrent pour la Tunisie n’est pas le Maroc mais plutôt la Turquie qui est
bien puissante dans le textile/habillement et aussi les pays de l’Europe de
l’Est.