Les “indignés” de Wall Street : tous différents, tous confiants

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és de Wall Street sur la place de la Liberté à Washington le 10 octobre 2011 (Photo : Jewel Samad)

[11/10/2011 06:01:30] NEW YORK (AFP) Ici “c’est un microcosme du monde, vous avez des gens complètement différents” : Saum Eskandani, 27 ans, déborde d’optimisme sur le square Zuccotti, campement depuis trois semaines des “indignés” de Wall Street à New York.

Il habite à proximité, avoue rentrer dormir chaque nuit, quelques heures, chez lui. A quelques mètres, Lin Wefel, une frêle retraitée de Pennsylvanie (est), confie à l’inverse qu’elle n’a plus pu rentrer chez elle depuis le 17 septembre, jour où elle a découvert cette foule qui campe dans un joyeux capharnaüm sur le square, au coeur du quartier de la finance à Manhattan. “J’ai été attirée comme par un aimant” explique cette ancienne militante contre la guerre au Vietnam.

Certains manifestants sont chômeurs, d’autres ont abandonné leur travail, certains affichent sans complexe leur âge, d’autres avouent dans un souffle qu’ils n’ont que 17 ans. Mais un même espoir les porte : que les choses changent.

Voici le portrait de quelques uns de ces “occupants de Wall Street”, mouvement qui ne se reconnaît aucun leader.

– Casey O’Neill : à 34 ans, il a démissionné de son poste de gestionnaire de données à Oakland en Californie (ouest) pour venir camper à Wall Street. Sa compagne a fait de même. “Quand je suis parti, je ne savais pas combien nous serions”, dit-il.

Pour lui, il s’agit de changer un système où les riches ont tous les droits, et où il y a de plus en plus de pauvres. Il est fier d’un mouvement inspiré par le printemps arabe, qui dure “sans aucune autorisation”, et suscite, ajoute-t-il, beaucoup de solidarité. “C’est incroyable de voir tout ce que nous recevons de tout le pays”, dit-il.

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éante des Indignés de Wall Street le 10 octobre 2011 à Washington (Photo : Jewel Samad)

Diplômé de philosphie et de sciences politiques, il n’a qu’une inquiétude : que le mouvement échoue ou soit récupéré par des hommes politiques.

– Lin Wefel, retraitée, jardinière et retraitée à Hollidaysburg en Pennsylvanie. Venue voir sa fille à New York, elle y est restée. “Je n’ai manqué que quelques jours” dit-elle. Pendant la journée, elle peint des pancartes ou distribue le journal “the Occupied Wall Street journal”.

Elle arbore fièrement une petite pancarte où elle a écrit : “printemps arabe, été européen, automne américain”. Elle dit avoir milité toute sa vie, précise qu’elle a été renvoyée de l’université parce qu’elle protestait contre la guerre au Vietnam. “Je vois ma génération qui établit un lien avec cette nouvelle génération”, se réjouit-elle. “Ils n’ont pas besoin qu’on leur dicte des objectifs”, ajoute cette démocrate déçue par Obama mais qui revotera quand même pour lui, car “vu ce qu’on a en face…”

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és de Wall Street le 10 octobre 2011 à New York (Photo : Timothy A. Clary)

– Pearle Moore a 17 ans, vient du quartier du Queens à New York et campe depuis une dizaine de jours. Sur son matelas gonflable, cette africaine-américaine aux cheveux platine et roses qui a arrêté l’école mais rêve de faire des études de styliste, explique qu’elle veut “participer à la révolution” et qu’elle veut “un avenir”. “L’économie a affecté toute ma vie”, ajoute-t-elle, évoquant le petit “emploi de bureau” de son père et une famille de cinq enfants qui a de plus en plus de mal à finir le mois.

Elle a baptisé son bout de campement “Western France”, car elle aime “la nourriture française et les garçons français”.

– Saum Eskandani : 27 ans, iranien élevé à Las Vegas, acteur et photographe free lance. Il est venu pendant ses congés, est finalement resté et participe aec enthousiasme au fonctionnement du camp, où des groupes se sont constitués pour répondre aux besoins quotidiens. “Nous ne connaissons pas encore quel sera notre message” dit-il. “Les gens veulent une réponse rapide. Nous y travaillons. Et nous aurons une super réponse”, ajoute-t-il.

Exhalté par ce qu’il vit, il confie qu’il n’a pas de souci financier et qu’il a du temps à offrir. Il doit partir prochainement en France, à Cannes pour son travail, a hésité à annuler. Mais “je reviendrai immédiatement ici” après, affirme-t-il.