21 milliards de dirhams (1,9 milliard d’euros), 79 milliards de dinars algériens (900 millions d’euros) et 1,113 milliard de dinars tunisiens (576 millions d’euros). Soit un total de 3,4 milliards d’euros. Voilà l’estimation du chiffre d’affaires 2010 du secteur de l’assurance dans les trois pays du Maghreb, selon econostrum.info.
Pour ce site spécialisé, “la densité de population dans chaque pays (32 millions d’habitants pour le Maroc, 35,5 millions pour l’Algérie et 10,4 millions pour la Tunisie) n’explique pas tout“. Dans son analyse, il estime que Maroc est plus mature dans le secteur des assurances que les l’Algérie et la Tunisie. “L’Algérie, par exemple, dominée par les entreprises publiques, laisse peu de place aux capitaux étrangers (qui ne peuvent pas disposer de la majorité des parts dans les sociétés)“, écrit la même source.
Econostrum.info rappelle une étude publiée par Standard & Poors en mars 2011: “les efforts d’assainissement du secteur de l’assurance entrepris par les régulateurs et les acteurs des marchés maghrébins au cours des dernières années ont contribué à favoriser une croissance potentiellement forte du secteur en Algérie, au Maroc et en Tunisie”. Et d’ajouter : “la croissance de la demande d’assurance peut potentiellement dépasser celle des économies locales sur le long terme“. Toutefois, “si à court terme, la révolution tunisienne, mais aussi les nombreux mouvements sociaux au Maroc et en Algérie, freinent un développement amorcé, le long terme semble plus radieux“.
Autant dire qu’à moyen terme, l’avenir du secteur n’est pas sombre. Dans cette perspective, la même source souligne que: “Tendant à se libérer de leurs carcans administratifs, assainissant le secteur, se tournant de plus en plus vers une économie libérale débarrassée des népotismes ou clanismes qui frappaient la banque assurance comme les autres secteurs, ces pays vont forcément s’ouvrir davantage à l’assurance. La forte croissance qu’ils devraient connaître, particulièrement le Maroc et la Tunisie aidés financièrement par la communauté internationale dans leur transition démocratique, impactera forcément le montant global des primes“.
Dans leur analyse, les experts d’econostrum.info pensent que cette évolution est possible, parce qu’il se dessine une certaine “volonté de rééquilibrage des richesses au profit des régions défavorisées, tant au Maroc qu’en Tunisie“, synonyme, selon eux, d’“un développement des travaux et des infrastructures (donc une augmentation exponentielle des polices), mais aussi l’arrivée sur le marché d’une population plus éduquée, sortie de la pauvreté, qui souscrira plus volontiers des contrats“.
Théoriquement, “le terrain est déjà tracé“. Car, déjà en mars 2010 à Alger, “le conseil ministériel maghrébin des Finances et de la monnaie insistait sur la coopération dans le domaine de l’assurance et de réassurance dans le cadre de la convention de coopération conclue entre les pays maghrébins depuis 1995 et le rôle du secteur dans le processus d’intégration“. Et en octobre 2010, lors d’une réunion d’experts sur le financement et le développement en Afrique du nord, l’UMA “évoquait la dynamisation des comités maghrébins d’assurances et de réassurances parmi les cinq recommandations pour booster l’intégration financière au Maghreb“.
Il est également question de la création d’une société maghrébine de réassurance dont la mission serait de “renforcer une couverture commune des risques liés aux activités économiques, notamment celles en relation avec les flottes aériennes et maritimes des pays de la région”.
Ceci étant, Standard & Poor’s souligne tout de même que “les assureurs maghrébins doivent encore témoigner d’une capacité à mettre en place une gestion intégrée des risques. Le besoin en la matière est croissant et leur potentiel de croissance y est lié. Parallèlement, leur capacité à adapter leur offre de produits aux évolutions des besoins du marché et les efforts entrepris en matière de transparence seront également mis à l’épreuve”.
Pour les spécialistes, le Maghreb est désormais “une terre d’opportunités tant le sous-équipement en matière de couverture assurantielle reste criant“. La preuve? Selon une étude du Conseil algérien des Assurances, le taux de pénétration de l’assurance au Maroc s’élève à 2,26%, à 1,76% en Tunisie et à 0,73% en Algérie! En termes de primes moyennes annuelles, les Tunisiens dépensent 73 dollars par habitant, les Marocains 65 dollars et les Algériens seulement 30 dollars.
«Les opérateurs mondiaux le savent et commencent à y déployer leurs filiales. Les grands majors français de l’assurance, favorisés par une langue commune, n’hésitent plus à franchir la Méditerranée». C’est le cas de la Macif et Axa qui ont récemment débarqué en Algérie, et ont fourbi leurs ambitions, notamment AXA qui a annoncé en juin dernier chez nos confrères d’econostrum.info vouloir “obtenir une part de marché de 5 à 10% en Algérie“.
La diversité des marchés n’est pas en reste et demeure très prononcée. «Alors que le Maroc (plus de 50% du marché maghrébin en termes de chiffre d’affaires assurance) se focalise en part égale entre les assurances de personnes (43% de la production totale) et l’assurance automobile (41%), l’Algérie se concentre sur l’assurance automobile (50%) alors que les assurances de personnes n’atteignent qu’une part de 7%».
Les spécialistes en concluent qu’il existe des “relais de croissance de l’assurance“, notamment dans l’assurance vie ou l’assurance habitation, deux branches jusque-là restées confidentielles au Maghreb. Mais pas seulement, parce qu’il y a également l’assurance crédit qui est presque inexistante dans les trois pays du Maghreb, car ne pesant que 0,9% en Tunisie, 0,5% en Algérie et 0,3% au Maroc, indique notre source.
(Source : Un marché maghrébin de l’assurance à fort potentie)
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