En plein Paris, le plus névralgique des datacenters joue les discrets

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La logo du plus gros datacenter de Paris, Telehouse, le 11 octobre 2011 (Photo : Eric Piermont)

[12/10/2011 11:11:15] PARIS (AFP) Sur une grande avenue de Paris, l’immeuble en briques passe inaperçu: il abrite pourtant le plus gros datacenter de la capitale, un noeud névralgique où transitent les réseaux télécom des principaux opérateurs et qui est aussi alimenté en électricité qu’une ville moyenne.

Ce monstre d’ultra-connexion se nomme Telehouse2 et héberge dans ses 14.000 m2 les serveurs et routeurs d’une centaine d’opérateurs français et internationaux, qui y gèrent une partie de leurs énormes flux internet et télécom.

“Nous fournissons les murs, l’énergie électrique, les arrivées de fibre optique et la sécurité, les clients n’ont qu’à installer leurs machines. Ils ont un choix de réseaux incomparable car tout le monde est là”, explique à l’AFP Gilles Pecqueron, responsable marketing de Telehouse.

Entreprise britannique détenue majoritairement par l’opérateur japonais KDDI, Telehouse compte 42 datacenters (centres de traitement des données) dans le monde et est présente en France depuis 1996.

Si pour son centre de Magny-les-Hameaux (Yvelines) elle a choisi un ancien site militaire clôturé de barbelés électriques, son datacenter situé dans le onzième arrondissement parisien décline un arsenal plus “classique” de caméras, sas sécurisés, badges et gardiens 24H/24.

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érieur du datacenter Telehouse à Paris, le 11 octobre 2011 (Photo : Eric Piermont)

Dans les étages, des salles à l’accès réservé alignent des centaines de “baies” – placards fermés par une vitre ou une grille – où s’empilent des machines clignotantes. Des rails canalisent la fibre optique, dont les gros bouquets de fils colorés (baptisés “spaghetti”) courent sur les murs et au plafond.

A la sortie des ascenseurs, des distributeurs de bouchons d’oreilles permettent de s’isoler du bruit permanent de la climatisation puissante qui neutralise la chaleur générée par les appareils.

“Nous sommes très sécurisés au niveau des accès et en contact permanent avec les autorités car nous sommes classés site sensible et aussi prioritaire en termes d’alimentation électrique”, indique M. Pecqueron.

Telehouse2 comporte deux arrivées électriques en provenance de deux stations EDF différentes, de 10 mégawatts chacune, “soit la même alimentation qu’une ville comme Melun. Ce sont deux chaînes d’alimentation indépendantes, on peut donc commuter en cas de problème”, souligne-t-il.

Et si cela ne suffit pas, six énormes groupes électrogènes de la taille d’un poids lourd peuvent prendre le relais et “mettent moins d’une minute à démarrer. Ils nous permettraient de tenir au moins trois jours en autonomie”, selon lui.

“Tout cela parait paranoïaque, mais on héberge du +critique+. Depuis 2004, en plus des opérateurs, des grandes entreprises nous confient aussi certains de leurs services ou équipements sensibles pour que nous les mettions à l’abri”, ajoute Gilles Pecqueron.

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à Paris le 11 octobre 2011 (Photo : Eric Piermont)

“Et si jamais on +tombait+, cela aurait un impact important, le trafic serait fortement perturbé, des sites ne fonctionneraient plus, il y aurait des engorgements sur les réseaux”, indique-t-il.

Dans les mois et les années à venir, le problème va être de gérer les demandes croissantes des clients en termes de stockage des données et de gestion des flux générés par l’explosion des smartphones.

“Très souvent, une personne qui télécharge depuis son mobile des vidéos n’a aucune idée de toute l’infrastructure que cela nécessite. Il en est de même pour le développement du cloud computing (pour gérer à travers le web des données stockées dans des serveurs distants), qui passe forcément par un datacenter”, résume M. Pecqueron.