à Agde (Photo : Boris Horvat) |
[12/10/2011 11:48:54] AGDE (AFP) Les recherches et investigations subaquatiques effectuées par la gendarmerie bénéficient désormais de nouvelles technologies, comme à la brigade nautique d’Agde (Hérault), où l’objectif d’une caméra dernière génération à vision déportée renforce l’oeil humain.
Dans les profondeurs, la vase remuée par l’eau et le mouvement des plongeurs voire la météo perturbent la visibilité. Ainsi, cette caméra est devenue un outil indispensable pour surveiller les opérations mais aussi distinguer une chose qui aurait pu échapper au gendarme-plongeur.
“80 % des plongées se font dans des eaux sans visibilité. En plus, souvent, les conditions de mer sont difficiles. La caméra permet de voir beaucoup plus de choses, parfois très petites”, explique le major Jean-Charles Caunegre, patron de la brigade d’Agde, qui prend l’exemple de douilles.
Agde n’est pas la seule brigade à être équipée de ce bijou technologique utilisé pour les recherches à moins de 60 m de profondeur, la limite pour les plongeurs humain. La gendarmerie en est également dotée sur le littoral Atlantique, notamment.
Le fonctionnement est simple. La caméra tenue par un gendarme reste reliée par un câble vidéo à la cabine du bateau, où les magistrats et enquêteurs peuvent suivre les évolutions sur écran et guider ou enregistrer les recherches.
Après le crash, en novembre 2008, d’un Airbus A-320 de la compagnie Air New Zealand au large des Pyrénées-Orientales, les enquêteurs du BEA avaient ainsi passé des mois devant l’écran, guidant les plongeurs, à 40 m de profondeur, dans le choix des morceaux d’avion découverts à remonter.
Comme sur terre
Lorsqu’il est nécessaire de descendre sous les 60 m, c’est un robot qui s’en charge. Aujourd’hui, il y en a deux en France. L’un est à Strasbourg. L’autre à Antibes (Alpes-Maritimes), où les 170 plongeurs de la gendarmerie ont passé leur diplôme d'”enquêteur-subaquatique”. Il y a cinq niveaux.
à Agde (Photo : Boris Horvat) |
Si les découvertes de corps sont régulièrement médiatisées, d’autres aspects du travail de ces plongeurs restent moins connus. Comme la collecte de pièces à conviction, qu’il s’agisse d’armes ou d’autres éléments. “Tous les indices se conservent sous l’eau”, souligne le chef Alexandre Rzadkowski.
Ainsi, les plongeurs qui oeuvrent dans la mer ou dans les lacs et rivières appliquent quasiment les mêmes procédures que leurs collègues sur terre. S’y ajoute, juste, à la façon des archéologues, la mise en place d’un carroyage pour des fouilles centimètre par centimètre.
Quand il y a une victime, la caméra permet d’enregistrer la position. Ensuite, c’est comme à l’air libre: protection des extrémités, prélèvements d’empreintes ou de micro-organismes… En l’occurrence, des diatomées qui permettent de dater et identifier l’endroit de l’immersion.
“On a commencé à développer les analyses après l’affaire Grégory (octobre 1984). A l’époque, ce genre de prélèvements n’avait pas été fait”, relève le major Caunegre. “Maintenant nous, nous prélevons, mais ce sont les scientifiques qui analysent”, ajoute-t-il.
La recherche subaquatique réservée à la gendarmerie, sauf à Paris, est souvent dangereuse. Cet été, un gendarme, l’adjudant-chef Khalid Bentabet, est mort dans les Alpes de Haute-Provence, lors d’une plongée à la recherche d’une arme dans un tuyau d’eau de 2,7 km.