Tunisie – Plan Jasmin : Réformer, investir, assainir

“Je voudrais que toutes les ambassades, consulats, chancelleries deviennent des centres d’affaires au service du développement de l’économie tunisienne. Le rôle du ministère des Affaires étrangères doit évoluer vers une plus grande efficience économique. J’ai été extrêmement surpris, lorsque de retour en Tunisie, j’ai entendu dire qu’un ancien ministre des Affaires étrangères a interdit l’embauche dans son ministère de diplômés des écoles commerciales”, a déclaré Jalloul Ayed, ministre des Finances, au Forum NOU-R à propos du rôle de la Prospérité dans la consolidation de la démocratie organisé les 12 et 13 octobre 2011 à Tunis.

Le Forum a offert l’occasion au ministre de parler plus en détail de la Stratégie économique et sociale de la Tunisie (Plan Jasmin). Un plan qui s’articule autour de trois volets: gestion de la crise post-révolutionnaire et réforme politique, transition vers la démocratie et réunion des conditions adéquates pour un développement économique et social durable à moyen terme.

Lesquelles conditions passent par une réforme du secteur financier, la création de deux instruments clés d’investissement, en l’occurrence la Caisse de dépôts et de Consignations et le Fonds générationnel “Ajyel” sur lequel a été axé l’exposé du ministre.

Mais pas seulement, la réforme globale et efficiente de l’Administration afin de lui inculquer la culture d’entreprise et le sens d’encourager la création de projets, est incontournable.

Parmi les institutions les plus réticentes à ce jour aux dispositions entrepreneuriales, figure le ministère des Affaires étrangères dont le rôle a été confiné à la propagande politique à l’international et aux relations diplomatiques basiques à tel point que le positionnement de la Tunisie dans la sphère des Nations a pris ces dernières années un recul notable.

Les efforts des diplomates tunisiens dans le soutien de la communauté d’affaires ont toujours été occasionnels et conditionnés par les instructions venues d’en haut… “J’ai toujours pensé que le plus grand parti d’opposition aux plans de développement économique du pays était l’Administration, je l’ai crié durant les années 90. “Comment comptez-vous, dans ce cas, vous y prendre pour remédier à cet handicap structurel?”, a demandé Abdessattar Mabkhout, expert économique au ministre. “Il n’a jamais été question de nier l’existence de cet état de choses, a répondu Jalloul Ayed, et c’est à cela que serviront les réformes. Elles travailleront à changer les mentalités et à réaliser plus d’équité au sein de l’Administration. Il faut instaurer l’approche par compétences et par mérite. Les plus compétents, ceux qui s’investissent le plus doivent être rémunérés conséquemment à leurs efforts”, explique M. Ayed.

Les réformes n’ont également aucune couleur idéologique, elles sont surtout la garantie des meilleures conditions pour que la Tunisie se développe et devienne l’un des pays les plus avancés de la région arabe et africaine.

Au moment où l’Etat doit se désengager graduellement de toutes les activités qui pourraient être prises en charge par le secteur privé, il assurera plus le rôle d’un régulateur catalyseur pour un développement socioéconomique plus équitable et plus humain.

De la priorité de la création d’emplois appelés à être résorbés en l’espace de 5 ans, il va falloir développer un modèle économique orienté vers les industries, services et produits à fort potentiel technologique et haute valeur ajoutée.

Le Plan de développement 2012-2016 exige un volume d’investissement de l’ordre de 125 milliards de dinars avec des taux de croissance de plus de 15% atteignant ainsi une moyenne de pourcentage de 28% du PIB pour la même période.

Les Fonds Ajyel et la Caisse des dépôts et Consignations réussiront-ils à réaliser la prospérité espérée à la Tunisie?

Aux dernières nouvelles, le Plan Jasmin a été mis en flammes par des détracteurs dont l’opposition est plus une position de principe pour s’opposer à tout et à tous qu’une position basée sur des arguments économiquement convaincants.

Parmi les représentants des partis politiques au Forum, nous avons remarqué la présence de Hamadi Jebali du parti Ennahdha. Est-ce l’expression du désir de mieux maîtriser l’ économique, s’améliorer ou séduire?