Zone euro : le vote slovaque débloque la situation, l’Espagne sanctionnée

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à Bratislava (Photo : Samuel Kubani)

[14/10/2011 06:03:29] BRUXELLES (AFP) La Slovaquie a levé jeudi un obstacle majeur pour permettre à la zone euro de renforcer son système de défense contre la crise de la dette, une urgence soulignée en soirée par l’abaissement de la note de l’Espagne par l’agence Standard and Poor’s.

Le Parlement slovaque a approuvé le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), permettant ainsi l’entrée en vigueur de cet outil incontournable de la réponse à la crise de la dette.

Les présidents de l’UE, Herman van Rompuy et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont salué dans un communiqué commun un vote qui rend le fonds “pleinement opérationnel” et dote l’UE d’un “instrument plus fort et plus souple pour défendre la stabilité financière de la zone euro”.

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à Bratislava (Photo : Samuel Kubani)

La Slovaquie était le dernier des 17 pays membres de la zone euro à se prononcer. Le Parlement slovaque avait d’abord rejeté mardi l’élargissement à 440 milliards d’euros de ce fonds de secours, décidé le 21 juillet, ce qui avait provoqué l’éclatement de la coalition au pouvoir et la chute du gouvernement du Premier ministre Iveta Radicova.

Le second vote a été obtenu à la suite d’un accord de la coalition au pouvoir avec l’opposition sociale-démocrate sur l’organisation d’élections anticipées en mars prochain.

Mais une mauvaise nouvelle pour l’Europe est tombée dans la nuit de jeudi à vendredi, avec l’annonce par l’agence de notation Standard and Poor’s qu’elle abaissait la note de l’Espagne à “AA-“. L’agence a cité “les perspectives incertaines de croissance” du pays et la probable poursuite de la détérioration du système financier espagnol.

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à Sofia (Photo : Dimitar Dilkoff)

Une semaine après la décision de Fitch Ratings d’abaisser de deux crans la note de l’Espagne à “AA-“, S&P a basé son analyse sur des prévisions de croissance de 0,8% en 2011 en termes réels et 1% en 2012, soit moins que ce qu’elle prévoyait il y a encore huit mois (1,5%).

L’approbation du Parlement slovaque du renforcement des moyens du FESF donne à l’UE plus de sérénité pour envisager la suite des événements, à quelques jours d’un grand sommet des dirigeants européens le 23 octobre à Bruxelles pour sauver la Grèce et la monnaie commune, qui sera précédé durant deux jours par des réunions ministérielles.

“Le FESF et son conseil d’administration vont finaliser rapidement toutes les procédures nécessaires pour permettre l’utilisation de ce nouvel instrument dans un avenir proche”, a réagi son président, Klaus Regling, dans un communiqué.

D’ores et déjà, il est question de démultiplier la force de frappe du FESF sans que les Etats n’apportent plus d’argent qu’ils ne l’ont déjà fait.

Une option à l’étude permettrait de porter sa capacité d’intervention jusqu’à 2.500 milliards d’euros, contre 440 milliards actuellement, via un mécanisme de garantie partielle pour les détenteurs de titres de dette publique de la zone euro, selon des sources européennes.

Le gouvernement français a confirmé jeudi que cette option était privilégiée, tout en manifestant sa préférence pour une solution consistant à transformer le Fonds de secours en établissement bancaire, à laquelle la BCE et l’Allemagne sont hostiles.

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éens au secours de la Zone euro

Dans un entretien publié jeudi par le Financial Times, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, estime que son institution ne peut résoudre la crise de la dette publique dans la zone euro à la place des Etats. “La garantie ultime, bien sûr, ce sont les Etats. Si l’on fait quoi que ce soit pour décharger les Etats de leur responsabilité, alors on court à l’échec”, a-t-il ajouté.

Les moyens accrus du FESF, quels qu’ils soient, n’empêcheront pas les banques européennes de devoir faire un effort supplémentaire, comme l’a admis jeudi une source au ministère français des Finances.

Les établissements créanciers d’Athènes devront “probablement” effacer plus de dette que prévu, a dit cette source à la veille de l’ouverture d’une réunion des ministres des Finances du G20 à Paris, reconnaissant ainsi ce qui était devenu ces dernières semaines un secret de Polichinelle.

Assurant que les Européens étaient “en train de travailler” sur cette question, le ministère a précisé que l’effort demandé serait “probablement plus haut” que les 21% de “décote” de la dette grecque décidés pour les banques le 21 juillet.

“Les discussions portent sur une décote de 50%” aujourd’hui, a précisé à l’AFP une source gouvernementale européenne.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou était jeudi à Bruxelles pour rencontrer le président de l’UE, Herman Van Rompuy et le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

Interrogé pour savoir s’il avait été question d’une décote pour les banques, le porte-parole du Premier ministre grec a indiqué qu’il n’y avait “pas eu de discussion sur des pourcentages”.

Le fait que se précise malgré tout la perspective d’une décote substantielle, synonyme dans les faits d’un défaut grec, s’ajoute pour les banques européennes à l’injonction de recapitalisation “urgente” lancée mercredi par le président de la Commission, José Manuel Barroso, pour arrêter la contagion de la crise de la dette.

Les inquiétudes sur les éventuels besoins de recapitalisation des banques ont entraîné les Bourses européennes à la baisse jeudi. Paris a cédé 1,33%, tout comme Francfort, et Milan a clôturé sur une forte baisse de 3,70%.

Selon Bruxelles, les banques devront faire appel à des sources privées de capitaux, les autorités nationales apportant un soutien si nécessaire. En dernier recours, la recapitalisation devrait être financée au moyen d’un prêt du FESF.

Selon une source européenne, le niveau minimum de fonds propres “durs” des banques devrait être relevé à 9% dans un délai de trois à six mois.

La proposition de M. Barroso n’a pas eu l’heur de plaire au secteur bancaire allemand, qui a réclamé le soutien de son gouvernement pour s’opposer à une recapitalisation. Selon lui, cela pourrait en effet aggraver la crise en “laissant penser que les banques européennes connaissent de prétendues faiblesses”.

La Banque centrale européenne est entrée dans le débat jeudi en se disant opposée à une contribution forcée des banques, dans son rapport mensuel.