Chine : l’inflation ralentit légèrement mais reste un problème prioritaire

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à Pékin (Photo : Liu Jin)

[14/10/2011 06:39:28] PEKIN (AFP) L’inflation en Chine s’est légèrement tassée à 6,1% en septembre, mais reste trop élevée pour que le gouvernement, qui craint que la hausse des prix engendre de l’instabilité sociale, puisse desserrer sa politique monétaire, estiment les analystes.

Sur les neuf premiers mois de l’année, les prix ont progressé de 5,7% par rapport à la même période de l’an dernier, a précisé le Bureau national des statistiques (BNS), alors que Pékin avait arrêté en mars un objectif de 4% pour l’ensemble pour l’ensemble de 2011.

En juillet, l’indice des prix à la consommation, dont la hausse s’était accélérée depuis l’automne 2010, avait culminé à 6,5%.

La hausse des prix touche particulièrement les catégories les plus pauvres de la population qui sont plus sensibles à l’envolée des prix alimentaires, dont les prix ont encore bondi de 13,4% en septembre. Le prix de la viande en général s’est envolé de 28,4% et celui du porc de 43,5%.

La persistance d’une pression élevée sur les prix ne devrait pas inciter le gouvernement à relâcher sa politique monétaire, malgré les difficultés de certaines de PME à se financer et les craintes sur un possible retournement du marché immobilier, secteur pilier de la deuxième économie mondiale.

Au début de la semaine, le gouvernement est intervenu pour faire baisser de 3,5% le prix des carburants, “qui comptent pour environ 10% de la hausse des prix”, relève dans une note Jing Ulrich, économiste pour la Chine de la banque J.P. Morgan. Selon elle, “les prix alimentaires en rapide hausse, une croissance excessive du crédit et des prix de l’immobilier élevés, qui ont alimenté l’inflation cette année, montrent tous des signes de modération”.

Le chiffre de septembre “confirme que l’inflation va poursuivre sur sa pente descendante pour le quatrième trimestre”, estime de son côté Zhang Zhiwei, économiste chez Nomura Securities basé à Hong Kong.

“Les promoteurs immobiliers paraissent désormais réduire leurs prix pour générer du cash, plutôt que d’attendre un signal du gouvernement qui mettrait fin à sa politique de resserrement” du crédit, observe pour sa part Alaistair Chan, de Moody’s Analytics. Il relève toutefois que la hausse des prix non alimentaires, qui se maintient autour de 3%, reflète une demande intérieure robuste et des salaires en hausse, ce qui devrait “empêcher le gouvernement de relâcher sa politique (monétaire) dans un avenir proche”.

“Pour le moment, nous prédisons que la politique restera inchangée – pas de resserrement, pas de relâchement – tandis que les autorités chinoises observent avec nervosité les développements dans la zone euro”, estime enfin Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight.

La situation économique dans “la zone euro et les Etats-Unis représente le plus fort risque pour les perspectives de la Chine”, selon lui. La Chine a vu en septembre son excédent commercial se réduire, à 14,5 milliards de dollars, contre 17,8 mds en août et 31,5 mds en juillet.

Le mois dernier, la progression des exportations a également ralenti, même si elle reste encore à niveau élevé avec 17,1% de croissance sur un an.

Ce qui n’a pas empêché les Etats-Unis d’annoncer jeudi un déficit commercial record avec la Chine pour le mois d’août, à 29 milliards de dollars, qui devrait donner des arguments aux partisans de l’imposition de nouvelles taxes pour les produits chinois sur le marché américain, après un vote au Sénat en ce sens. Après avoir atteint 273 milliards de dollars en 2010, le déficit américain a encore gonflé de 9% sur les huit premiers mois de l’année.

Le Premier ministre chinois s’est déclaré “inquiet” vendredi d’un “protectionnisme en forte progression”, appelant “la communauté internationale à être soudée” face aux remous sur les marchés financiers.