Le patronat allemand veut bien se féminiser, mais à son rythme

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à Berlin le 17 octobre 2011 réunissant des ministres allemands et les grands patrons du Dax. (Photo : Odd Andersen)

[17/10/2011 13:53:09] BERLIN (AFP) Les 30 entreprises allemandes composant l’indice boursier vedette Dax ont présenté lundi un projet visant à féminiser leur direction tout en refusant l’idée de quotas contraignants.

Les 30 entreprises du Dax ont annoncé dans un communiqué qu’elles “se fixent des objectifs réalistes, spécifiques à chaque société, et mesurables quant à la part de femmes dans les postes de direction” et qu’elles “rendront compte chaque année des progrès”.

Les grands noms de l’économie allemande, qui plaident pour des mesures volontaires plutôt que des contraintes, avaient déjà pris des engagements il y a dix ans sur la représentativité des femmes, sans guère de résultats.

Il reste difficile en Allemagne de concilier vie professionnelle et vie de famille à cause notamment d’un nombre insuffisant de structures de garde d’enfants, surtout à l’Ouest.

La proportion de femmes dans les directoires –les postes les plus prestigieux– des 200 plus grandes entreprises allemandes atteint seulement 3,2%, selon l’institut DIW.

Les 30 sociétés du Dax ont présenté lundi des pointages plus flatteurs en prenant en compte tous les postes de cadres, pas seulement les plus cotés.

La proportion de femmes dirigeantes dans le monde est aujourd’hui, par exemple, de 28,7% chez Henkel (produits ménagers et cosmétiques) ou 28% chez Adidas, contre 7% chez le fabricant d’engrais K+S ou 8% chez l’aciériste ThyssenKrupp.

Le constructeur Volkswagen, le seul à faire la distinction entre trois niveaux hiérarchiques dans sa direction, avoue avoir seulement 3,7% de femmes aux postes les plus hauts.

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ésentants des entreprises du Dax, le 17 octobre 2011 à Berlin. (Photo : Odd Andersen)

Les objectifs annoncés lundi sont par exemple de 20% de femmes aux postes de direction en 2020 chez le constructeur Daimler, contre 11,9% aujourd’hui, ou de 14% de femmes dirigeantes fin 2014 chez EON (énergie), contre 12% aujourd’hui.

Cette feuille de route, présentée en grande pompe à Berlin, n’a guère fait l’unanimité au sein du gouvernement, dont plusieurs représentants avaient été conviés pour une conférence de presse.

La ministre du Travail Ursula von der Leyen, fervente partisane de quotas obligatoires, a accusé les entreprises “de comparer des pommes avec des poires et des mandarines”, à propos de la définition vague et fluctuante des “postes de direction”.

“J’attends des réponses claires à propos des femmes dans les directoires et les conseils de surveillance, là où sont l’argent et le pouvoir”, a-t-elle dit.

En Allemagne, le directoire rassemble les responsables “exécutifs” de l’entreprise. Le conseil de surveillance est un organe de contrôle où siègent les représentants des actionnaires et ceux des salariés.

Kristina Schröder, ministre de la Famille, a au contraire salué l’initiative des entreprises et estimé qu’elle avait “gagné son pari” au vu des objectifs fixés.

“Je rejette le principe d’un quota contraignant”, a dit la ministre qui est sur la même ligne que la chancelière Angela Merkel à ce sujet. Un quota unique pénaliserait en particulier l’industrie lourde, dominée par les hommes à tous les échelons hiérarchiques.

Regine Stachelhaus, directrice du personnel du géant de l’énergie EON, et l’une des rares femmes au directoire d’une entreprise du Dax, a défendu la même position.

“Un quota contraignant est superflu”, a-t-elle estimé, à condition de pouvoir compter sur “un soutien fort” du gouvernement concernant la création de places de crèche ou la promotion des matières scientifiques “dès l’école maternelle.”

Selon un sondage de l’institut Forsa mené auprès de cadres et salariées qualifiées de sexe féminin et publié lundi, 55% des Allemandes souhaitent pourtant des quotas contraignants.