Après s’être débarrassé du dictateur, il s’agit de faire de même pour ces traces. Cette tâche n’est pas facile et ceci a été démontré durant les mois qui ont suivi le 14 janvier. Comme tous les autres domaines, le système éducatif a longtemps été pris en otage d’orientations politiques on ne peut plus douteuses. Le régime en a fait un instrument de propagande et de «lavage de cerveaux» au profit de la promotion de son image à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Avec la révolution, l’heure est à la réforme. Un premier pas a concerné la suppression de tous les éléments de propagande au profit du président déchu. Cette opération, dont s’est chargé le Centre national Pédagogique (CNP), a touché 14 titres, à savoir “les matières sociales“, “l’éducation civile“, “l’histoire“ et “la géographie“. Des photos et des extraits de discours de l’ancien président ont été enlevés tout en sauvegardant le reste des programmes.
Une réflexion de réforme…
La mise en place des programmes scolaires se fait au niveau du ministère de l’Education. Une commission composée d’inspecteurs de l’enseignement de base est désignée pour fixer le contenu des différentes matières. Une fois le contenu finalisé, ce dernier est envoyé au CNP qui se charge de sa mise en page, de son impression et de sa commercialisation.
Durant cette période transitoire, une réflexion de réforme a été élaborée et mise en place pour réviser le contenu des programmes scolaires. Au ministère de l’Education, on nous affirme que les détails de cette réflexion seront prochainement communiqués. Et selon Hassine Hosni, directeur des services groupés au CNP, une véritable réforme se fera probablement en 2013. Le fait est que les programmes se préparent une année à l’avance, généralement en novembre ou décembre pour l’année d’après. D’ailleurs, le CNP prépare déjà l’appel d’offres pour la rentrée scolaire 2012-2013.
Un stock imposant…
Concernant le coût généré par les changements dans les livres scolaires, il est substitué au stock de livres scolaires qui sont inchangeables actuellement. M. Hosni l’estime à plus de 40 mille livres ayant une valeur commerciale nulle, vu qu’ils contiennent encore les traces de l’ancien régime. Le coût d’impression des livres pour cette année a atteint plus de 21 millions de dinars.
Pour la présente rentrée scolaire, 79 titres ont été publiés pour l’enseignement de base, soit plus de 10 millions de copies ainsi que 27 titres pour l’enseignement de base technique, soit 351 mille copies. Ajoutons à cela 139 titres pour l’enseignement secondaire (3,679 millions de copies) et 15 titres pour les Tunisiens à l’étranger (80.500 copies). Une production qui a nécessité une l’utilisation (consommation) de 4.000 tonnes pour le papier à 70 grammes et de 1.000 tonnes pour le papier à 80 grammes.
Coût supplémentaire…
Côté prix, il n’y a pas eu d’augmentation depuis deux années. Ajoutons à cela que les prix adoptés ne correspondent pas vraiment au coût. Le fait est que le livre scolaire n’est plus compensé depuis des années. Ce qui fait que le CNP cumule des pertes générées par le coût supplémentaire qui n’est pas substitué. Ce qui met en difficulté les équilibres financiers du Centre et réduit sa productivité économique.
Une situation que M. Hosni explique par un choix politique dicté par l’ancien régime. «Si on veut sauvegarder la rentabilité et le fonctionnement de cette entreprise, il faut refléter la réalité des prix. Il faut les réguler et équilibrer les marges», indique-t-il. Avec la «pseudo» gratuité de l’éducation, il est nécessaire de trouver un juste équilibre entre le pouvoir d’achat des Tunisiens et la rentabilité de la structure.
Il est vrai que dans cette incertitude politique qu’on vit ces jours-ci et qu’on vivra certainement dans la prochaine période «post-élections», les choix et les orientations politiques seront déterminants dans la consolidation des structures de l’Etat. Une réforme profonde est nécessaire pour rendre plus équilibré et plus efficient leur fonctionnement.