Les régions visent l’épargne populaire

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ôtel de Régions de Limoges (Photo : PASCAL LACHENAUD)

[18/10/2011 08:46:11] PARIS (AFP) Face aux difficultés qu’elles rencontrent pour emprunter sur les marchés traditionnels, plusieurs régions françaises font désormais appel à l’épargne populaire pour investir, un moyen qui leur permet “d’associer la population au développement économique régional”.

Le conseil régional du Limousin a par exemple lancé un emprunt obligataire de 30 millions d’euros maximum sur cinq ans auprès des particuliers en mai-juin. “Il a été souscrit à hauteur de 26 millions, essentiellement auprès de particuliers de la région, mais aussi de départements voisins”, se félicite son président, Jean-Paul Denanot (PS).

“Nous avons offert aux épargnants un placement sûr qui permet les investissements du futur, tout en associant la population au développement économique de la région”, expliqué à l’AFP M. Denanot.

La région Limousin réalise 120 à 130 millions d’euros d’investissements par an. “Dans l’avenir, nous pourrons à nouveau lancer des emprunts obligataires, en particulier auprès des investisseurs institutionnels”, dit-il, soulignant: “Maintenant on sait faire”.

L’Auvergne, de son côté, vient de lancer avec succès un emprunt obligataire de 20 millions d’euros auprès des “Auvergnats” pour soutenir l’aide aux entreprises et à l’emploi dans la région. Garanti par la collectivité, cet emprunt a pour objectif d’alimenter le Fonds d’Investissement Auvergne Durable déjà doté de 15 millions d’euros.

Il promet un rendement de 4% brut sur cinq ans, pour des coupons d’une valeur minimale de 200 euros.

La région Pays de la Loire avait été la première à se lancer dans l’aventure, il y a deux ans. Au lieu des 25 à 40 millions attendus, elle avait collecté 72.235.500 euros auprès des particuliers, soit la quasi-totalité de l’emprunt de 80 millions d’euros qui avait été lancé. Le reste avait été souscrit par des investisseurs institutionnels.

L’objectif est “très largement atteint”, avait jugé son président Jacques Auxiette (PS). Cet emprunt obligataire, qui promettait un rendement de 4% brut pendant six ans, avait pour objectif de soutenir l’aide aux entreprises et à l’emploi. 20 millions d’euros ont été consacrés aux “P2RI”, les prêts de soutien aux entreprises régionales viables économiquement mais touchées par la crise, et 50 millions d’euros à l’accélération des investissements régionaux.

La région, qui a jugé cette formule moins onéreuse qu’un crédit bancaire, a maintenant fait le choix du tout obligataire. Elle s’apprête à lancer un nouvel emprunt obligataire, pour 80 millions d’euros auprès d’investisseurs traditionnels. “Mais si nous n’y arrivons pas, nous ferons à nouveau appel à l’épargne populaire”, a lancé M. Auxiette.

Pour sa part, la région Rhône-Alpes va lancer pour la première fois début novembre un emprunt obligataire d’environ 100 millions d’euros, également auprès d’investisseurs institutionnels.

“Notre besoin est de 220 millions pour la fin de l’année”, a indiqué son président, Jean-Jack Queyranne (PS). “Cette opération nous permet de diversifier nos sources de financement”.

Car tous les présidents de région se plaignent des conditions actuelles d’accès au crédit bancaire, les nouvelles normes imposant d’avoir des fonds propres élevés pour pouvoir emprunter.

“Les banques répondent à nos demandes, mais avec des marges très importantes”, souligne M. Queyranne. “Si nous avons un emprunt à 2,5%, avec les frais de commission et une marge d’environ 1,7%, le coût du crédit se situe entre 4 et 4,5%”.

“Les marges bancaires deviennent intolérables”, considère M. Denanot. “Il va devenir impossible d’emprunter sur le long terme si rien n’est fait, tant que les régions n’auront pas un minimum de liberté fiscale”.