L’Initiative pour le Développement Economique Et Social (IDEES), le think tank créé par Elyès Jouini, propose cinq réformes pour réduire la pauvreté et les écarts entre classes sociales et régions.
Après avoir analysé les causes de la pauvreté et de l’inégalité en Tunisie et dessiné leur cartographie dans une note intitulée «Inégalité & pauvreté, Etat des lieux et perspectives», l’Initiative pour le Développement Economique Et Social (IDEES), le think tank mis sur pied par Elyès Jouini, le vice-président de l’Université Paris Dauphine, pour participer au débat national sur une alternative économique, sociale et politique pour la Tunisie post-Ben Ali, propose cinq «pistes de réformes» pour réduire la pauvreté et les écarts entre classes sociales et régions, qui pourraient s’insérer «dans les futures politiques de court terme du gouvernement tunisien». Les problèmes, «plus aigus, de déséquilibre régional et la convergence des régions économiques du pays» devraient, eux, être traités «lors de la conception du nouveau modèle de développement économique et social».
En effet, d’après ce think tank –une initiative que ses promoteurs veulent collaborative- la politique sociale adoptée par la Tunisie et «n’a pas réussi durant les deux dernières décennies à réduire fortement la pauvreté, l’exclusion sociale et l’ampleur des inégalités», analyse la note. Il en découle «un besoin urgent (…) pour concevoir une nouvelle politique sociale plus efficace dans la lutte contre la pauvreté et les disparités interindividuelles et régionales dans la distribution des niveaux de vie».
Concrètement, IDEES propose d’agir sur cinq axes en vue de bâtir cette nouvelle politique sociale.
Le premier consiste à évaluer «l’efficacité des programmes actuels d’aide sociale et la révision des modalités de leurs fonctionnements. (…)» et d’auditer les fonds mobilisés pour ces programmes en vue de réformer leurs modes de gestion.
Le deuxième implique d’«améliorer l’efficacité de la Caisse générale de compensation (CGC), afin de mieux cibler la population la plus démunie». A cet égard, le groupe de réflexion animé par Elyès Jouni recommande le lancement d’un débat national sur la CGC, son statut et son rôle dans la politique sociale et la lutte contre la pauvreté, qui devrait aboutir à l’adoption d’un nouveau mode de gestion des fonds alloués à la CGC, «ciblant plus efficacement les pauvres et réduisant le gaspillage des ressources».
Le troisième axe consiste à réformer le système financier, afin d’élaborer les modalités pratiques facilitant l’accès aux crédits des individus exerçant, surtout, dans le secteur informel. «Un accès plus facile aux crédits contribuerait à créer et sécuriser les activités génératrices de revenus d’une tranche considérable de la population», justifie la note.
Le quatrième axe a trait à la conception, «en collaboration avec le tissu associatif», de «réseaux de sécurité sociale (RSS)» destinés à protéger la population vulnérable «vivant juste au dessus du seuil de la pauvreté des variations conjoncturelles de revenus». Ces RSS fourniraient «des aides ponctuelles et limitées dans le temps» aux familles à faible revenu et subviendraient «à des besoins spécifiques et urgents».
Le cinquième et dernier axe vise à «promouvoir et protéger le rôle de la femme dans le contrôle et la gestion des ressources financières du ménage», à l’instar de ce qui se passe dans certains pays asiatiques. Et en raison du «vrai pouvoir de décision» de la femme au sein des ménages, notamment pauvres, et de sa capacité avérée «à assurer un bon statut nutritionnel des enfants et à gérer plus efficacement les ressources limitées».