“Le Mois de l’emploi“ a été fructueux, au contraire de ce qu’on pensait. Entamé avant un mois de la tenue des premières élections dans le pays, certains trouvaient l’idée irréalisable, voire hasardeuse. Mais le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi accompagné de celui du Développement régional, a relevé le pari. Le secteur privé, jusque-là réticent à s’impliquer dans ce genre d’initiatives, a répondu positivement.
Comme résultat, dix conventions de partenariat ont été signées avec des entreprises du secteur privé, formulant leur engagement à créer 7.850 postes d’emploi durant la période 2011-2013. Un effort qui sera poursuivi par d’autres conventions similaires. «Ces conventions consistent en un plan de recrutement sur trois ans. Ce qu’on a remarqué dès le début, c’est qu’il y a des besoins sur le marché de l’emploi qui ne sont pas satisfaits au niveau de l’offre», affirme Saïd Aydi, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, lors de la conférence de presse organisée le 18 octobre 2011 pour présenter les résultats du “Mois de l’emploi“.
Conventions…
Trois conventions ont été signées durant “le mois de l’emploi“. La première avec le Centre technique des matériaux de construction, de la céramique et du verre (CTMCCV), qui compte créer 64 postes d’emploi en 2011, 63 en 2012 et 63 en 2013. La deuxième avec la société DYTECH, spécialisée dans la fabrication et le commerce des piscines pour le marché européen, qui a préparé un plan de recrutement de 200 personnes dont 123 en 2012.
La troisième convention a été signée avec le groupe Poulina, prévoyant la création de 2.105 postes d’emplois entre cadres, techniciens supérieurs, techniciens et ouvriers: 300 en 2011, 800 en 2012 et 1.005 en 2013. Le groupe a aussi fait part de ses besoins en stagiaires toutes catégories confondues, se répartissant entre 65, 120 et 190 sur la même période.
Les huit conventions restantes ont été signées, le 18 octobre 2011. La société allemande Kromberg & Schubert, spécialisée dans la fabrication des câbles automobiles, prévoit, ainsi, la création de 3.000 emplois pour la période 2011-2012. La deuxième convention concerne la société COFAT, spécialisée dans les câbleries automobile, soit la création de 500 emplois en 2011-2012.
La société tuniso-allemande DEMAT, opérant dans l’industrie aéronautique, s’engage à créer une centaine de postes alors que la société PIRECO prévoit 90 en 2012. De même pour la société Top Service, opérant dans le domaine de l’équipement et les services informatiques, prévoyant la création de 20 postes. La société SOTIP, spécialisée dans la tôlerie de précision, prévoit la création de 60 postes entre 2011 et 2012. Pour sa part, la société Zodiac Aerospace Tunisie, spécialisée dans l’aéronautique, envisage de créer 736 emplois en 2011 et 440 en 2012, soit un total de 1.176 postes.
Restructuration…
A fin juin 2011, l’Institut National des Statistiques a recensé 705 mille chômeurs en Tunisie. Les projections du ministère de l’Emploi est de ramener ce chiffre à 650 ou 660 mille par la création de près de 50 mille postes d’ici la fin d’année. Reste que la résolution du problème de l’emploi demande encore du temps. Entre trois et cinq ans, selon M. Aydi, qui ajoute qu’il est fondamental d’entamer la restructuration de l’Agence Nationale du Travail Indépendant et l’Agence Tunisienne de Formation Professionnelle.
De son côté, Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional, a réitéré l’importance de transformer les régions en bassins d’emploi par la création de régions économiques qui ont un potentiel de développement. «La réforme la plus importante et le défi le plus imminent du développement régional c’st de générer des régions créatrices d’emploi », insiste-t-il.
Défis…
Le défi auquel le futur gouvernement devrait faire face est grand. Le déséquilibre économique régional, le déséquilibre qualitatif sur le marché de l’emploi, les 200 mille diplômés chômeurs, une image du secteur privé qu’il faut changer. Selon Faiza Kallel, responsable au sein du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, les jeunes chômeurs ont une perception négative du secteur privé, synonyme d’exploitation.
Le gouvernement a fait un effort supplémentaire cette année par la création de 20 mille postes dans la fonction publique en comparaison avec 8.000 seulement auparavant. La plus grande responsabilité repose sur le secteur privé, qui a un potentiel de développement important. Il est sûr que les 7.850 «intentions» de recrutement sont loin de satisfaire les demandes sur un marché d’emploi saturé, et le sera encore plus dans un ou deux ou trois ans, si des solutions structurelles n’ont pas été apportées.
En outre, les choix politiques interfèrent dans la mise en place de mécanismes de régulation du marché de l’emploi. L’emploi restera, toutefois, une priorité du futur gouvernement pour les années à venir. Relever le défi de l’emploi revient à relever le défi du développement régional et de la restructuration de l’économie tunisienne.