Si nous voulons tous être dans le pouvoir, qui sera dans le contre pouvoir?

tunisie-2010.jpgHier, c’était janvier et nous euphoriques… Car libres et libérés!

Nous ne rêvions pas… nous qui avions été dépossédés de nos idées, de notre volonté, de notre dignité… nous qui vivions dans la douleur et la souffrance, le joug d’un dictateur avide, ignorant, brutal…

Hier, nous avons écrasé l’obstacle… Nous avons atteint l’accomplissement…hier, nous avons fêté la victoire, nous avons partagé le pain, nous avons gardé nos lisières…

Alléluia! Maintenant, nous allons nous impliquer, nous exprimer, nous réaliser, innover, enfanter… exprimer notre génie, notre savoir et tout notre art…

Nous allons nous enivrer de connaissances, émanciper nos esprits, nous épanouir dans une nouvelle et libre Tunisie…

Aujourd’hui, nous ne serons plus exclus ou marginalisés, aujourd’hui, nous nous réapproprions notre si beau pays, celui longtemps asservi, exploité, dépossédé jusqu’à ses vestiges et ses pièces archéologiques, témoins d’un passé glorieux pour en faire un juteux commerce…

Aujourd’hui, nous allons dire ce que nous pensons, personne ne nous en empêchera, aujourd’hui, nous allons créer, aujourd’hui nous allons édifier la Tunisie…

Aujourd’hui, nous avons plus de 100 partis politiques, des milliers d’associations qui militeront pour une Tunisie citoyenne, plurielle, démocratique, multipartite…

Aujourd’hui, nous avons créé une nouvelle industrie, l’industrie politique…riche en postes d’emplois…

Nos entrepreneurs, présidents d’associations, intellectuels indépendants opèrent dans le secteur…Il paraît que le pouvoir appelle l’argent…l’argent appelle le pouvoir «Deux secteurs complémentaires…»

Aujourd’hui, nous sommes 4,3 millions qui iront voter dans la transparence ceux qui plancheront sur une nouvelle Constitution pour une Tunisie moderne et progressiste…

Femmes et hommes, nous irons toutes et tous choisir nos représentants légitimes et non imposés…

Nous irons choisir ceux qui seront au pouvoir…

A quoi bon un contrepouvoir…La société civile, les garde-fous, les ONG, les médias libres, pourquoi faire…Nous, dans notre pays, nous avons survécu 55 ans sans contrepouvoir…

Aujourd’hui, nous élirons des représentants unis dans une seule vision, celle de la Tunisie de demain, celle conçue, réfléchie pour les futures générations…Des représentants qui n’ont pas l’ambition du pouvoir ou de l’argent mais celle de servir la Tunisie et de la faire rayonner dans les sciences, les arts et la culture…

Demain, grâce à nous, grâce à eux, la Tunisie sera une démocratie, un exemple à suivre car nos politiciens, nos médias, nos dirigeants même sans contrepouvoir ont eu la vision…

Ils ont choisi le consensus de la paix, du progrès, de la démocratie…

La Tunisie est aujourd’hui beaucoup plus grande que celle dans nos rêves celle qui rappelle Carthage d’hier, c’est une Tunisie qui a triomphé de toutes nos incertitudes et qui a vaincu toutes nos espérances…

La Tunisie aujourd’hui, la Carthage d’antan, l’aristocrate et la républicaine, celle où la démocratie était pratiquée grâce à système institutionnel codifié. Celle dont le Sénat compte 300 membres et une Assemblée populaire et de clubs d’activités intellectuelles et professionnelles dont le rôle est de permettre aux différentes opinions et sensibilités de s’exprimer et de peser sur les décisions des organismes élus. Pour Aristote, «Les Carthaginois, en particulier, possèdent des institutions excellentes; et ce qui prouve bien toute la sagesse de leur constitution, c’est que, malgré la part de pouvoir qu’elle accorde au peuple… elle n’a eu, chose remarquable, ni émeute ni tyran».

Qui pourrait faire mieux? Si ce n’est la Tunisie 2011?