Les actions «Dégage», initiées notamment au cours des premiers mois de la Révolution, ont laissé des séquelles dans l’administration publique. Même concernant ceux qui, profitant du chaos, ont décidé de se faire «dégager». Ainsi en est-il de cet administrateur que l’on n’a plus revu depuis le 14 janvier 2011. Son salaire continue à lui être versé. Dans son intégralité. Evidemment.
Personne ne sait de quoi sera fait l’après 23 octobre 2011. Tous les Tunisiens espèrent qu’il sera bien meilleur que celui qui a précédé cette date.
Beaucoup espèrent en effet que cessent certaines pratiques comme celle des grèves, sit-in et autres «Dégage» qui ont nui à l’économie du pays.
A propos de «Dégage», certains seront-ils tentés de refuser l’installation des nouveaux responsables que le gouvernement choisira de placer à la tête des institutions de l’Etat?
A regarder de près, on pourra conclure que pratiquement aucun secteur d’activité n’a été épargné par le fameux mot d’ordre «Dégage»: de la haute administration au transport, aux finances, aux médias… où de nouveaux dirigeants sont aux commandes.
Sans arrière pensée
A regarder de près, on pourra remarquer, en outre, que notamment au cours des premiers mois de la Révolution, beaucoup de «départs» ont été décidés dans la grande précipitation. Les deux gouvernements Ghannouchi ont peut être trop vite cédé à la pression sacrifiant de nombreux responsables.
Et s’il est certain que des responsables (PDG, directeurs généraux, gouverneurs, délégués, directeurs ou encore chefs de services) méritaient peut-être leur sort, d’autres ont subi une justice révolutionnaire qui n’était pas toujours menée sans arrière pensée.
Jalousie et règlement de comptes avaient bien droit au chapitre dans certains cas. Ainsi en est-il, raconte un employé d’une structure qui dépend du ministère de la culture, que le départ du patron n’a pas résolu les problèmes. Pour la première fois après sept ans, raconte cet employé, le nouveau directeur a été incapable de verser les salaires.
Mais ce qui est plus grave c’est que beaucoup de ceux qui ont été «remerciés» par la foule ont continué à bénéficier des avantages liés à leur fonction -du fait qu’ils n’ont pas été remplacés- tout en restant chez eux.
Sur la liste des promus
Un directeur dans un grand office fait partie de ce lot. Il a été chassé de son bureau, en février 2011, par un groupe d’employés «auxquels ils doivent tout», commente un employé de cet office: augmentation salariale et primes. Il n’a pas été démis de ses fonctions de sous-directeur financier.
De quel droit son PDG le ferait-il du reste? Ce dernier sait que le sous directeur en question est contraint et forcé. Sous quel motif devra-t-il être remplacé? A-t-il commis une erreur? Quel motif devra mentionner notre PDG dans le rapport exigé par les textes en vigueur pour lui enlever son titre de sous directeur?
Conséquence: notre fonctionnaire continue à percevoir l’intégralité de ses émoluments (salaire et primes) et ses bons d’essence.
Des histoires comme celle-ci tout un chacun en a sans doute entendu parler.
Mais il y a plus grave: ceux qui ont profité du chaos pour se faire «dégager». Arguant d’un «contentieux» avec son PDG, un directeur chargé de l’audit dans un autre office a décidé de ne plus mettre les pays au travail… les après midis.
Encore mieux : cet administrateur que l’on plus revu depuis le 14 janvier 2011. Son salaire continue à lui être versé. Dans son intégralité. Evidemment.
Plus beau encore. Il traîne dans les cafés qui entourent son administration demandant régulièrement aux uns et aux autres si le salaire a été versé ou non et s’enquérant sur le montant de telle et telle prime. Et faisant des pieds et des mains pour que son nom figure sur la liste des promus!