Fitch Ratings indique que l’élection, dans de bonnes conditions, de l’Assemblée constituante tunisienne cette fin de semaine et la formation d’un large consensus à propos de la nouvelle Constitution sont des facteurs importants pour la révision par Fitch de la perspective négative de la note ‘BBB-‘ de la Tunisie. La perspective négative repose largement sur les incertitudes politiques car les dommages causés à l’économie par l’insurrection apparaissent gérables.
Mais l’agence Fitch souligne qu’elle n’entamera la révision de la note tunisienne que lorsque la nouvelle Assemblée constituante se sera accordée sur la durée de son mandat, aura nommé un gouvernement et un président intérimaires et aura fait état d’avancées dans la rédaction d’une Constitution. Faute de progrès dans ce domaine, elle attendra la tenue d’élections organisées dans le cadre de la nouvelle Constitution afin d’avoir une idée plus précise de la politique du nouveau gouvernement.
Des retards dans l’accomplissement de la transition politique et, in fine, dans l’élection d’un gouvernement disposant d’un mandat solide qui lui permette de mettre en oeuvre des politiques économiques et fiscales sérieuses se traduiraient par un ralentissement de la reprise des investissements, entraînant une croissance plus faible, un accroissement du chômage, un creusement du déficit budgétaire et un climat économique moins favorable aux réformes démocratiques.
L’économie a souffert pendant et immédiatement après le changement de régime, avec une croissance négative du PIB durant le 1er semestre 2011. Le tourisme et l’investissement ont été les plus affectés. Conséquence de la perte de 45% des revenus du tourisme, les réserves en devises du pays ont chuté. La conjoncture économique actuelle est également susceptible de conduire à une nouvelle augmentation des créances douteuses dans un secteur bancaire déjà sous tension.
Toutefois, l’économie tunisienne commence à montrer des signes de reprise. Le responsable de l’institut national de statistiques a récemment annoncé que le PIB réel a crû de 1,5% au 3ème trimestre par rapport à la même période l’an dernier et les exportations se maintiennent. Une stabilisation de son voisin libyen profiterait à la Tunisie du fait des relations commerciales étroites existant entre les deux pays.
De même que les autres pays du Moyen-Orient ayant changé de régime politique, la Tunisie devrait bénéficier d’une importante aide financière externe. Le Fonds monétaire international estime que la croissance du PIB réel en Tunisie pourrait atteindre 7% d’ici 2016 si elle fait bon usage d’un financement externe d’environ 5 milliards de dollars par an. Cela serait suffisant pour s’attaquer aux nombreux problèmes économiques du pays, parmi lesquels le fort taux de chômage des diplômés.
(Selon un communiqué de Fitch)