A peine relevée de mes émotions et du choc du 14 janvier et du séisme planétaire qu’il a provoqué, moi pauvre petite journaliste pigiste de surcroît, touchant un salaire qui assure une pénible survie mensuelle, je me suis trouvée perdue dans une forêt de partis, une avalanche de programmes, une nuée de candidats et des promesses à ne plus en finir; je n’avais ni les cailloux du petit poucet ni le fil d’Ariane pour me retrouver dans cet inextricable dédale. Et mon patron, qui fronce des yeux et me demande de synthétiser tout ça. Il a peut-être aussi lui-même des problèmes de compréhension le pauvre!
Je commence parfois à regretter la douce période où je rédigeai des articles inodores, incolores et sans saveur; on pensait pour moi, agissait pour moi et tout était réglé comme du papier à musique…
Alors revenons à nos moutons et j’ai essayé de comprendre et écouter tous ces candidats et ce qu’ils veulent, tout d’abord, on ne peut nier la bonne foi et l’élan patriotique de la plupart d’entre eux, bien que souvent ils aient une connaissance partielle du pays voire une méconnaissance totale de sa problématique socioéconomique.
Quant à ceux qui veulent jeter un voile noir sur notre beau pays baigné de soleil et ouvert sur le monde depuis l’antiquité, j’éprouve une certaine indulgence à leur égard et à celle de leur ignorance des lois fondamentales de l’économie et de société et je leur propose d’aller prendre des cours chez le Djerbien du coin qui, lui, a compris depuis longtemps comment fonctionne le système économique d’un pays…
Enfin, cette avalanche de programmes qui se suivent et se ressemblent peut se synthétiser en un programme de développement global de quelques pages; développement qui ne peut réussir que si les financements idoines sont assurés. Dans ce cas, nous avons la chance d’être à cheval sur plusieurs mondes:
– un monde arabo-musulman qui croule sous les dollars inertes qui ne demandent qu’à être bien utilisés et qui, depuis ce fameux vendredi tunisien, a pris conscience de sa force;
– la Méditerranée qui a vu naître la civilisation et l’Europe qui, malgré ses déboires actuels, reste notre référence technologique;
– les pays du Maghreb qui sont notre marché potentiel.
Maintenant que le plus efficient gagne et ensuite qu’il tienne ses promesses car la rue n’oublie pas et reste le meilleur garant de cette nouvelle liberté inespérée.