La révolte gronde parmi les Etats de l’UE n’appartenant pas à la zone euro

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érence de presse à Bruxelles, le 23 octobre 2011 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[23/10/2011 16:45:51] BRUXELLES (AFP) La grogne est montée dimanche parmi les dix Etats de l’UE non membres de la zone euro, Grande-Bretagne en tête, qui se plaignent de la volonté croissante des Etats utilisant la monnaie commune de prendre des décisions sans les consulter.

Britanniques mais aussi Suédois et Polonais supportent de moins en moins la propension de leurs pairs de la zone euro à vouloir se réunir entre eux, à renforcer le pilotage en commun de leurs économies et décider sans les pays qui ne partagent pas la monnaie commune.

La crise de la dette contraint les pays partageant la monnaie commune de faire un bond en avant pour rapprocher leurs politiques économiques nationales et durcir leur discipline budgétaire commune. En bref, à voler de leurs propres ailes.

Aux yeux des pays restés à l’extérieur, c’est le projet de l’Union européenne à vingt-sept pays qui est vidé progressivement de sa substance au profit d’une Europe à deux vitesses.

Ainsi, le sommet européen de dimanche sur la crise de la dette devait être suivi par un autre, mercredi, uniquement avec les dirigeants de la zone euro. Trop c’est trop, a répondu en substance le Premier ministre britannique David Cameron.

“La crise de la zone euro affecte toutes nos économies, y compris celle de la Grande-Bretagne”, a-t-il martelé.

“Il est dans l’intérêt de la Grande-Bretagne que les pays de la zone euro règlent leurs problèmes. Mais cela devient dangereux -et j’en ai parlé franchement avec eux-, s’ils prennent des décisions vitales pour les autres pays du Marché unique, comme des décisions sur les services financiers qui concerne tout le Marché unique”, a insisté M. Cameron.

En conséquence, les Britanniques ont exigé et obtenu qu’un autre sommet réunissant tous les pays de l’UE soit aussi convoqué mercredi à Bruxelles.

“Les pays de la zone euro ne peuvent pas décider dans leur coin quand leurs décisions affectent toute l’Union”, a résumé un diplomate européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

Agacé, le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays n’appartient pas à la zone euro, avait feint l’ignorance en arrivant dimanche. “J’ai entendu dire qu’on pourrait avoir un autre sommet au milieu de la semaine prochaine”, avait-il dit en faisant allusion à la réunion initialement prévue pour les dirigeants de la seule zone prévue mercredi.

Les dirigeants des pays non membres de la zone euro ont reçu le soutien du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui voit d’un mauvais oeil la montée en puissance de la zone euro.

“Il ne devrait pas y avoir de séparation entre la zone euro et le reste de l’Union européenne”, a dit M. Barroso.

La Commission européenne est préoccupée par ce qu’elle perçoit comme une tendance grandissante à la gestion “intergouvernementale” de l’Europe par Paris et Berlin, qui marginalise les institutions communautaires et en premier lieu elle-même.

En revanche, la France milite en faveur d’une montée en puissance de la zone euro en tant qu’entité à part pour donner corps à son idée de “gouvernement économique”.

Mais ce point de vue n’est pas partagé par tous les dirigeants de la zone euro.

Les Pays-Bas et la Finlande viennent ainsi de lancer une mise en garde en estimant que “tous les Etats membres doivent être impliqués dans les décisions” pour préserver la prospérité économique du continent, dans une lettre co-signée par la Suède.

A l’inverse, l’Allemagne plaide aujourd’hui pour aller encore de l’avant via une nouvelle réforme des traités, voire un arrangement entre les seuls pays de l’Union monétaire.

Car, au bout du compte, une Europe à deux vitesses vaut mieux qu’une Europe immobile, a avancé récemment le gouverneur de la Banque centrale polonaise, Marek Belka.