érence de presse du Premier ministre britannique David Cameron, le 23 octobre 2011 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[24/10/2011 12:38:59] LONDRES (AFP) La pomme de discorde européenne revient hanter le Premier ministre britannique David Cameron, écartelé dans son double combat: à Bruxelles pour être associé au règlement de la crise de la zone euro et à Londres pour mater une révolte des eurosceptiques au parlement.
Entre 60 et 100 députés conservateurs (soit 1 sur 3, ou 5) menaçaient lundi d’ignorer les consignes du 10 Downing street en votant une motion parlementaire en faveur de l’organisation d’ici mai 2013 d’un référendum sur l’Europe. La consultation offrirait trois options : le maintien dans l’UE, la sortie ou une renégociation de liens plus distendus, axés sur le “commerce et la coopération”.
Le vote est purement consultatif et la motion n’a aucune chance de l’emporter. D’autant que l’opposition travailliste et les libéraux-démocrates –alliés des conservateurs au sein de la coalition au pouvoir, et néanmoins europhiles– y sont hostiles.
Il ne s’agit pas moins de la plus sérieuse rébellion parlementaire contre Cameron, 17 mois après son accession au pouvoir.
Hautement symbolique, elle a déjà eu pour effet de réactiver le débat sur l’UE que le ministre des Affaires étrangères William Hague, lui même eurosceptique convaincu, a jadis qualifié de “bombe à retardement” pour les tories.
Hague s’est fait violence lundi en estimant qu’un référendum reviendrait à poser “la mauvaise question au mauvais moment” avec pour effet “d’augmenter l’incertitude économique dans le pays à un moment difficile”.
David Cameron martèle quant à lui: “Ce n’est pas le moment de légiférer sur un référendum. C’est le moment de régler les problèmes de l’eurozone, de défendre notre intérêt national et d’envisager les opportunités qui pourraient se présenter de rapatrier des pouvoirs en Grande-Bretagne,” en matière de législation sociale et sur l’emploi notamment.
Il s’est ainsi fait le champion des dix pays non-membres de l’euro qui ne veulent pas être tenus à l’écart des décisions de l’eurozone et de leurs conséquences financières. Au risque d’indisposer certains partenaires dont le président Nicolas Sarkozy, qui l’aurait rembarré en ces termes dimanche, selon divers médias britanniques: “Vous dites détester l’euro, vous n’avez pas voulu le rejoindre et maintenant vous voulez vous ingérer dans nos réunions.”
A Londres, accepter un référendum aurait pour effet d’indiposer les lib-dems et de rouvrir les enchères eurosceptiques.
Elles ont miné le gouvernement conservateur de John Major dans les années 90 et son successeur travailliste Tony Blair, plus europhile, actait la pérennité du débat en termes shakespeariens, en 1999 : “On revient toujours au même dilemme. Etre ou ne pas être en Europe, telle est la question.”
David Cameron a ordonné aux conservateurs –sous peine de sanctions disciplinaires– de voter non à la motion débattue lundi après-midi. Cette décision lui a valu cette remarque acerbe d’un des leaders eurosceptiques dans son camp, David Davis: “Ne refusez pas aux Britanniques le droit de répondre à la question au simple prétexte que vous redoutez leur réponse”.
Le chef du gouvernement risque d’apparaître comme “un charlatan” quand il se dérobe après avoir promis de réconcilier les électeurs avec la classe politique, a pour sa part tranché le Financial Times.
Grands pourfendeurs de la bureaucratie bruxelloise, le Daily Express célébrait en une “la grande révolte contre l’UE”, et The Sun, tabloïde, titrait sur le match “PM contre Sarko”. D’autres s’attardaient sur ses différends avec “Merkozy” (une contraction d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy).
Quelques heures avant le débat, un porte-parole de Cameron a cru bon de rappeler: “Il y a d’évidence un débat nourri aujourd’hui sur la relation politique avec l’UE, mais une chose ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est l’étendue de nos relations économiques.”