Dimanche 22h au Centre Media de l’ISIE, Boubaker Ben Thabet nous a douchés en annonçant que l’ISIE n’est pas en mesure de fournir une estimation au moins sur le taux de participation. Quelle frustration! L’euphorie de la journée na pas été relayée par ce moment culminant de la découverte des premiers jets de résultats de sortie des urnes et qui fait le charme des soirées électorales. Alors, on n’a pu que spéculer. A l’aveuglette. La seule bonne nouvelle de la soirée fut que les bureaux de vote réservés aux votants qui ne se sont inscrits sur les listes avant la date du 14 août ont connu un rush tardif.
Dans les bureaux «réguliers», on a voté jusqu’à 19 heures, et dans ces bureaux, on a fermé les grilles à 19 h mais le vote a duré jusqu’à 22h du fait de l’affluence surprise. Cela est de nature à différer l’opération de dépouillement. Si jamais il y aura une surprise, elle ne pourra venir que de là. Ces électeurs «négligents», peu pressés, constituent le gros du bataillon des indécis et constituent l’élément impondérable du scrutin.
D’ailleurs, c’est cette population cible qui a été à l’origine des dépassements constatés. Des représentants de partis ont essayé de les influencer pour les récupérer in extremis, ce qui a été dénoncé par les observateurs. Est-ce que ces dépassements peuvent donner lieu à une annulation des votes dans les bureaux concernés? On n’en sait pas davantage.
De toutes les façons, ces incidents ne sauront masquer le déroulement d’un processus électoral quasiment sans faute.
Lundi 24 octobre à 12h, nous sommes toujours sur notre faim. Le moment d’angoisse se prolonge car les spéculations laissent la place aux rumeurs. Et comme toujours en Tunisie, les grands moments qui pèsent lourd dans l’Histoire du pays sont appréhendés par leur seul côté festif et sentimental.
Ce scrutin a été l’occasion d’un grand défoulement électoral. On s’est payé une bonne tranche en oubliant peut-être que c’est le scrutin du destin. L’enjeu est fondamental. Ou on parvient à rebâtir un édifice étatique démocratique, ou on s’égare dans une hypothétique entreprise d’assainissement des mœurs.
Après 23 ans de dictature, on pourrait s’embourber dans une période d’égarement. Que la voie vers la démocratie est délicate et capricieuse! Croisons les doigts.