BP engrange de gros profits et “passe un cap” 18 mois après la marée noire

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Le logo de BP (Photo : Ben Stansall)

[25/10/2011 11:46:28] LONDRES (AFP) Le géant pétrolier britannique BP a annoncé mardi un bond spectaculaire de son bénéfice trimestriel, confortant ses espoirs de tourner la page de la catastrophe du golfe du Mexique d’avril 2010 qui a failli lui être fatale.

Dix-huit mois après l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon qui a fait 11 morts et provoqué la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis, BP engrange à nouveau d’énormes profits. Ce qui a permis à son directeur général Bob Dudley d’affirmer que la compagnie avait “passé un cap” sur la voie d’un retour à la normale.

Il a donné un autre motif de satisfaction aux actionnaires en annonçant dans la foulée la vente de quinze milliards de dollars d’actifs supplémentaires d’ici à la fin de 2013, avec l’objectif affiché de pouvoir mieux les rémunérer. Les investisseurs ont apprécié, et le titre BP grimpait de près de 5% mardi en fin de matinée à la Bourse de Londres.

Le groupe a néanmoins perdu le tiers de sa valeur depuis avril 2010, preuve que cette catastrophe qui a durablement terni son image n’a pas fini de le hanter en dépit de l’optimisme affiché.

Au troisième trimestre 2011, le bénéfice net a presque triplé par rapport à l’année précédente pour atteindre 4,91 milliards de dollars, porté par le cours élevé du baril de brut.

Sur les neuf premiers mois de l’année, le redressement est encore plus spectaculaire : BP a engrangé 17,65 milliards de dollars de profits, contre une perte de 9,29 milliards en 2010.

C’était l’époque où la compagnie pétrolière était contrainte de vendre et provisionner à tour de bras pour abonder le fonds de vingt milliards de dollars destiné à indemniser les victimes de la marée noire. Celui-ci est désormais financé et, surtout, d’autres acteurs de la catastrophe commencent à y participer.

L’américain Anadarko, copropriétaire du gisement exploité par la plateforme ayant explosé, a ainsi accepté la semaine dernière d’y contribuer à hauteur de 4 milliards.

Les analystes y ont vu une victoire importante pour BP qui plaide la théorie de “responsabilité partagée” pour limiter l’amende que doit encore lui infliger la justice américaine.

Autre développement favorable côté américain, le groupe vient d’être autorisé par les autorités à reprendre ses forages dans le golfe du Mexique. Ce qui va lui permettre de redresser son niveau global de production, toujours affecté par la suspension de ses opérations dans une zone essentielle pour ses activités.

“Nos opérations recommencent à monter en puissance et nous pouvons regarder l’avenir avec beaucoup de confiance”, a assuré mardi M. Dudley, qui a insisté sur sa volonté de se concentrer sur l’exploration et l’exploitation, a priori plus rémunératrices.

En Irak, en Inde, au Brésil ou en mer du Nord, BP multiplie ainsi les investissements pour tenter de sécuriser ses approvisionnements et rattraper son retard en la matière sur la plupart de ses grands concurrents : il affirme avoir obtenu cette année 67 nouvelles licences d’exploration dans 11 pays.

La question est devenue encore plus sensible pour la major britannique depuis le fiasco de son projet d’alliance avec le groupe russe Rosneft pour l’exploration d’un immense territoire de l’Arctique, qui aurait pu garantir son avenir.

Cet échec a été considéré comme un revers personnel pour M. Dudley, propulsé à la tête de la compagnie il y a un an, qui consacre désormais beaucoup de son énergie à tenter de le faire oublier, quitte à être accusé par certains experts de manquer de cohérence en signant des accords tous azimuts.