éen flottent à Athènes en octobre 2011. (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[25/10/2011 18:11:56] PARIS (AFP) A la veille d’un sommet à Bruxelles qui se veut décisif pour la zone euro, les banques se faisaient à l’idée d’une décote plus lourde que prévu sur la dette grecque, dont le niveau était mardi toujours objet d’âpres négociations avec les dirigeants européens.
Afin de soulager Athènes, asphyxiée par une dette colossale d’environ 350 milliards d’euros, les pays de la zone euro se sont mis d’accord la semaine dernière pour exiger des banques des pertes d’au moins 50% sur les obligations d’Etat grecques qu’elles détiennent.
Ils demandent un effort supplémentaire au secteur privé, après les 21% de décote consentis dans le cadre de l’accord du 21 juillet sur un deuxième plan d’aide à la Grèce.
“Les banques veulent voir maintenant quelles incitations on leur propose pour leur faire avaler la pilule”, a commenté à l’AFP un diplomate européen. Nature des titres, maturité, garanties: les modalités de la décote ne sont pas encore fixées.
Selon plusieurs sources, l’Institut de la finance internationale (IIF), le lobby mondial des banques, propose une décote volontaire de 40% tandis que les dirigeants européens mettent la barre plus haut, entre 50% et 60%.
Le risque, “si on pousse trop loin la décote, est de pénaliser les comptes des banques”, a prévenu Thomas Rocafull, du cabinet Sia Conseil, qui estime qu’une bonne solution “consiste à couper la poire en deux, à 50%”.
“Toute la question est de savoir si on pourra encore dire qu’il s’agit d’une restructuration volontaire de la dette grecque”, a relevé Pierre Flabbée, analyste de Kepler Capital Markets.
Dans le cas contraire, les CDS seraient déclenchés. Ces contrats d’assurance contre le défaut de remboursement d’une dette sont vendus par les assureurs ou les banques, qui subiraient de nouvelles pertes en cas de déclenchement. Surtout, cela démultiplierait les risques de contagion de la crise à des poids lourds comme l’Italie ou l’Espagne.
“Il y a des limites à ce qui peut être considéré comme volontaire”, a ainsi mis en garde lundi le président de l’IIF, Charles Dallara.
Si le principe d’une décote de 50% était adopté, l’impact serait “gérable” pour les banques françaises, premières détentrices étrangères de dette souveraine hellène, assure Pierre Flabbée.
Afin de permettre aux banques d’amortir le choc et de se consolider en vue d’une éventuelle contagion de la crise à d’autres pays de la zone euro, l’UE préconise de relever d’ici mi-2012 le ratio de fonds propres “durs” des établissements bancaires à 9%.
Le montant global de la recapitalisation nécessaire a été fixé autour de 108 milliards d’euros par les Européens, selon des sources diplomatiques. Des fonds que les banques devront trouver elles-mêmes, avant de se tourner ensuite à défaut vers leurs Etats, puis seulement en dernier ressort vers le Fonds de secours européen (FESF).
Dans le cas de la France, la recapitalisation devrait être “de l’ordre d’une dizaine de milliards d’euros, c’est-à-dire inférieure aux résultats de ces mêmes banques, ce qui signifie qu’elles doivent pouvoir se recapitaliser sans avoir besoin de demander l’aide des finances publiques”, a assuré mardi le Premier ministre français François Fillon.
Les banques pourraient ainsi puiser dans leurs bénéfices, réduire les bonus ou les dividendes.
Pour les banques allemandes, deuxième plus gros créancier privé étranger de l’Etat grec, les marchés financiers tablent sur un besoin de recapitalisation de 5,5 milliards d’euros environ.
Mais selon plusieurs analystes, la solution à la crise de la dette en zone euro ne passe pas par l’augmentation prévue des fonds propres des banques.
“Ce n’est pas une question de fonds propres mais de confiance des investisseurs et de capacité de refinancement”, assure Thomas Rocafull.