La Grèce retient son souffle avant le sommet de Bruxelles

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ènes, le 19 octobre 2011 (Photo : Angelos Tzortzinis)

[26/10/2011 12:10:34] ATHENES (AFP) La Grèce retenait son souffle mercredi dans l’attente des conclusions du sommet de Bruxelles sur un allègement de son énorme dette, qui pourraient déboucher sur une mise sous tutelle plus étroite du pays, et précipiter une recomposition politique.

La presse grecque évoquait mercredi le “grand marchandage” sur la dette en cours à Bruxelles ou la “bataille acharnée” du pays contre la faillite, alors que les banques créancières se voyaient sommées de renoncer à la moitié au moins de la dette qu’elles détiennent.

A Bruxelles, depuis plusieurs jours, les négociateurs tentent en effet de stabiliser la Grèce en allégeant le fardeau de sa dette de plus de 350 milliards d’euros, insoutenable pour le pays à long terme, comme l’a montré le rapport récent de la troïka de ses créanciers.

L’objectif est d’essayer d’éviter à Athènes un défaut de paiement désordonné qui risquerait de provoquer un embrasement financier mondial, en s’étendant d’abord aux pays voisins en situation difficile, Portugal ou Italie.

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éou, au centre, le 25 octobre 2011 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Selon le quotidien grec Kathimerini citant des sources “dans la capitale belge”, si les banques acceptent la proposition qui leur est faite, la valeur de quelque 205 milliards d’euros de dette détenue par des investisseurs privés serait ainsi divisée par deux, à 102,5 milliards d’euros.

Selon le plan en discussion, cité par la presse, pour 100 euros de dette grecque détenue, les investisseurs privés qui participeraient à cette vaste opération de restructuration, recevraient 15 euros en numéraire et des obligations de 35 euros à 30 ans portant un coupon de 6%, même si le ratio entre cash et titre n’est pas encore définitif.

Ce plan va beaucoup plus loin que celui accepté le 21 juillet par les banques, qui prévoyait qu’elles renoncent à 21% de leur mise sur les obligations souveraines qu’elles détiennent.

Du coup, l’opinion publique grecque s’inquiète de voir une main mise accrue de Bruxelles sur la gestion au quotidien des finances publiques du pays, le projet de budget annuel du pays étant déjà presque entièrement négocié en direct avec l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire International (FMI).

Dimanche, le président français Nicolas Sarkozy a d’ailleurs reconnu que les mesures d’austérité drastiques imposées à la Grèce et à d’autres pays européens en échange d’un soutien financier posaient des “problèmes démocratiques”.

“Notre mandat n’est pas de gérer ces pays et pourtant, nous devons leur demander de faire des efforts”, a-t-il dit.

“Il n’y aura pas de commissaire européen dans les ministères grecs”, a répondu comme en écho le porte-parole du gouvernement grec Ilias Mossialos au quotidien Ta Nea.

Horst Reichenbach, le chef de la task force européenne envoyé par la Commission pour aider la Grèce à mettre en oeuvre ses réformes structurelles, est présent à Athènes depuis mardi.

“Je ne suis pas là pour superviser. Je suis là pour coordonner l’assistance que la troïka peut offrir”, a-t-il dit mardi soir, cité par l’agence grecque ANA.

Sur le plan intérieur, la préparation d’un effacement de la moitié de la dette privée du pays, s’est traduite par un nouvel appel à l’unité venant du Premier ministre Georges Papandréou.

Mais le principal parti d’opposition (Nouvelle Démocratie, droite) reste sourd à tous ses appels, alors que le gouvernement socialiste, dont la base renâcle sous l’accumulation des plans d’austérité, pourrait être tenté de chercher une majorité élargie au parlement après un accord à Bruxelles.

Tractations qui font dire au politologue grec Ilias Nikolakopoulos, très pessimiste, qu’il envisage “difficilement un avenir radieux pour le gouvernement”.

Selon lui, M. Papandréou pourrait “essayer de former un gouvernement avec un soutien plus large, qui ne soit pas un gouvernement Pasok uniquement”.

“S’il n’y arrive pas, nous aurons des élections qui ne donneront aucune solution durable non plus (…) nous sommes dans une espèce d’impasse”, a-t-il dit à l’AFP.