èque Petr Necas (g) serre la main à la chancelière allemande Angela Merkel, devant Nicolas Sarkozy, lors du sommet européen à Bruxelles, le 26 octobre 2011 (Photo : Eric Feferberg) |
[26/10/2011 19:24:33] BRUXELLES (AFP) Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel veulent aller eux-mêmes négocier dans la nuit avec les banques créancières de la Grèce pour qu’elles acceptent une perte d’un peu plus de 50%, a déclaré mercredi une source gouvernementale européenne.
“Ils veulent aller voir ce soir les banques” dans ce but, a indiqué cette source.
L’initiative intervient au moment où les négociations menées en ce sens depuis plusieurs jours entre les gouvernements européens et les représentants du secteur bancaire peinent à avancer.
La France et l’Allemagne sont à présent d’accord pour demander au total des pertes d'”un peu plus de 50%” aux banques privées sur la valeur des créances qu’elles détiennent sur la Grèce, selon cette source. Et ce avec l’objectif de ramener la proportion de dette publique grecque par rapport à son produit intérieur brut de 160% aujourd’hui à 120% en 2020.
épond aux journalistes avant le sommet européen de Bruxelles, le 26 octobre 2011 (Photo : Georges Gobet) |
Cela se ferait via un effacement en volume de 100 milliards d’euros sur les 210 milliards d’euros que les banques détiennent. Au total, la dette publique grecque est d’environ 350 milliards d’euros.
En outre, selon le scénario en discussion, les banques privées prolongeraient à échéance les créances restantes, de 110 milliards d’euros, dans leurs portefeuilles, à des conditions plus favorables pour Athènes. Ce qui permettrait d’arriver à une “décote” (ou perte) d'”un peu plus de 50%” au final.
Toutefois, les tractations avec les banques coincent sur des garanties (“collatéraux”, dans le jargon financier) qu’elles réclament en échange de ces pertes, selon la source.
Selon d’autres sources proches des négociations, la zone euro n’exclut pas d’employer la manière forte si les banques ne devaient pas céder, en leur imposant si nécessaire une restructuration de la dette grecque sans passer par un effort volontaire des créanciers privés.
“L’idée est dans ce cas d’avoir un engagement (des gouvernements de la zone euro) à ce que le ratio de dette publique grecque retombe à 120% du PIB” à l’issue du sommet qui se déroule à Bruxelles, a indiqué une source gouvernementale. Le niveau de 120% est considéré par la zone euro comme le seuil minimum pour que la dette grecque puisse être remboursée à terme.
Un tel scénario est à haut risque car il pourrait entraîner le déclenchement des fameux CDS, ces assurances contre le risque de défaut de paiement d’un Etat, avec un risque de déstabiliser le secteur financier.
Il est défendu en particulier par l’Allemagne. Mais la France, soutenue sur ce point par la Banque centrale européenne (BCE), ne veut pas d’une telle solution de crainte d’un effet domino qui emporterait les banques, mais aussi d’autres pays de la zone euro, comme l’Italie.
Le futur président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a réaffirmé mercredi que l’institut était “déterminé avec ses mesures non conventionnelles à éviter les dysfonctionnements sur les marchés monétaires et financiers”. Parmi ces mesures exceptionnelles figure l’aide apportée depuis août à l’Italie et à l’Espagne via le rachat de leur dette publique sur les marchés pour empêcher que les taux d’emprunt de ces deux pays ne s’envolent.
Pour plusieurs délégations à Bruxelles, ces déclarations ont été perçues comme le signal que M. Draghi compte poursuivre la politique de soutien à l’Italie et à l’Espagne impulsée par son prédécesseur, Jean-Claude Trichet, selon la source.
Le président Sarkozy s’est lui-même entretenu cette semaine avec Mario Draghi, selon une source gouvernementale. Paris estime avoir obtenu la garantie que la BCE continuera à soutenir les pays fragiles. Cela a permis à la France d’accepter qu’une phrase par laquelle la zone euro encourageait l’institut de Francfort à poursuivre ses mesures non conventionnelles soit retirée du projet de communiqué final.
Par ailleurs, la source gouvernementale a confirmé que les Européens ne donneraient dans leur communiqué aucun montant pour le renforcement de leur fonds de secours financier.