Crise de la dette : accord conclu aux forceps à Bruxelles

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éenne Herman Van Rompuy le 27 octobre 2011 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[27/10/2011 04:39:08] BRUXELLES (AFP) Les pays de la zone euro sont parvenus dans la douleur à boucler jeudi matin les grandes lignes d’un plan anti-crise passant par une forte réduction de la dette de la Grèce et la mobilisation de 1.000 milliards d’euros pour empêcher la contagion, mais avec encore des inconnues.

“Un accord sur un programme global a été conclu”, a annoncé le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy à l’issue de près de dix heures de tractations.

Les dirigeants européens ont réussi à lever in extremis un blocage portant sur un point central de leur système de défense: l’effacement d’une partie de la dette grecque détenue par les banques créancières du pays.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’accord conclu avec les banques porte sur un renoncement de 50% de leurs créances, soit cent milliards d’euros sur un total d’endettement public du pays de 350 milliards d’euros. Le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, a parlé “d’un peu plus de 50%” en incluant d’autres mesures d’accompagnement prévues.

Il s’agissait du dernier gros point de blocage du sommet.

Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker ont dû intervenir personnellement dans la nuit pour trouver un compromis avec les banques, alors que les discussions étaient enlisées.

La partie de bras de fer a pris la forme d’une réunion de ces dirigeants dans le bureau du président de l’UE, Herman Van Rompuy. Face à eux: le représentant des banques, le directeur de l’Institut de la finance internationale (IIF), Charles Dallara.

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à Bruxelles (Photo : Eric Feferberg)

Le 21 juillet, un premier accord avait été trouvé avec les banques en vue de réduire de 21% la dette grecque qu’elles détiennent. Mais cela ne suffit plus et le pays est aujourd’hui étranglé. D’où les efforts depuis plusieurs semaines pour aller beaucoup plus loin.

L’Allemagne a exercé une pression intense, exigeant un effort le plus important possible, supérieur à 50%, menaçant les banques de passer par la manière forte si nécessaire, à savoir une restructuration imposée de la dette grecque. La France et la Banque centrale européenne s’y sont opposées par crainte d’un effet domino dans toute l’Europe.

En échange de l’effort demandé au secteur bancaire, un accord a été trouvé lors du sommet de mercredi soir pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin.

Concrètement, les besoins ont été chiffrés à 106 milliards d’euros par l’Autorité bancaire européenne (EBA), dans un document mis en ligne mercredi sur son site internet. Toutefois les marchés estiment que les besoins sont nettement supérieurs. Le FMI a lui-même parlé de 200 milliards d’euros.

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ère allemande Angela Merkel le 27 octobre 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys)

Au-delà, les pays de la zone euro ont décidé de démultiplier la puissance de feu de leur Fonds de secours financier pour les pays en difficulté en la portant à 1.000 milliards d’euros dans un premier temps. Cette enveloppe doit permettre d’éviter que la crise de la dette ne gagne l’Italie et l’Espagne.

Actuellement, le Fonds de secours (FESF) est doté d’une capacité de prêts théorique de 440 milliards d’euros, enveloppe jugée insuffisante face à l’ampleur des turbulences.

Les pays de la zone euro ont opté pour un mécanisme permettant de mobiliser davantage de fonds, sans que les Etats ne dépensent plus: un “effet de levier”. En l’occurence, cela consistera à offrir un système d’assurance-crédit aux investisseurs pour les inciter à acheter de la dette publique d’Etats fragiles. Concrètement, le FESF garantira une partie de la dette en cas de défaillance de l’Etat emprunteur.

Sur les 440 milliards d’euros de départ, le FESF dispose encore de 250 à 275 milliards d’euros disponibles. C’est avec cette option que la capacité d’intervention du Fonds serait portée à environ 1.000 milliards.

A ce dispositif serait ajouté un autre mécanisme: un fonds spécial adossé au FMI et accueillant les contributions de pays émergents comme la Chine et la Russie. Mais ce dernier volet est impossible en l’état à chiffrer. La Chine et la Russie ont fait état de leur intérêt et le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, a prévu de s’entretenir de ce sujet avec le président chinois Hu Jintao jeudi.

Il n’est pas certain néanmoins que le montant de 1.000 milliards d’euros suffise à rassurer les marchés financiers. Ils attendaient à l’origine le double.

Une réunion des ministres européens des Finances est envisagée pour finaliser les détails.

Dernier volet du système anti-crise: la zone euro compte sur la poursuite du soutien de la BCE, qui actuellement maintient à flot l’Italie et l’Espagne en rachetant leur dette publique sur les marchés pour éviter que les taux d’emprunt obligataires ne s’envolent. L’Italien Mario Draghi, qui doit succéder début novembre à Jean-Claude Trichet a signifié mercredi qu’il poursuivrait sur la même voie en maintenant les mesures “non conventionnelles” de l’institut monétaire face à la crise.

Concernant l’Italie, l’heure est à l’apaisement. Craignant une contagion de la crise à ce pays, les dirigeants européens avaient fait pression sur le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, pour qu’il leur donne des garanties sur la baisse de sa dette, en échange de leur solidarité.

M. Berlusconi a apporté à Bruxelles une lettre promettant des réformes, qui a fait “bonne impression”, selon le Premier ministre polonais Donald Tusk.