Olympus, harcelé, justifie ses acquisitions passées et nie toute illégalité

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Un homme regarde les appareils photos de la marque Olympus dans un magasin de Tokyo, le 27 octobre 2011. (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[27/10/2011 12:51:19] TOKYO (AFP) Le groupe d’appareils photos et matériel médical japonais Olympus, sous le feu des médias nippons, a présenté jeudi de nouvelles informations pour justifier des achats passés d’entreprises, opérations dont la légitimité est contestée par son ex-patron britannique congédié

Face à des journalistes remontés, les principaux dirigeants du groupe ont assuré que les sommes importantes et commissions payées pour l’acquisition du groupe britannique Gyrus, spécialiste des instruments chirurgicaux, ainsi que la reprise de trois sociétés japonaises, étaient fondées sur une “juste appréciation” et ne laissaient apparaître aucune irrégularité.

Olympus, groupe réputé pour ses appareils photo et endoscopes, traverse actuellement une grave crise.

Le scandale a été déclenché par l’éviction soudaine, le 14 octobre, de son PDG britannique Michael Woodford, officiellement à cause d’une méthode de travail inadaptée.

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é le 10 février 2011 à Tokyo. (Photo : Jiji Press)

“M. Woodford passait de longs moments hors du Japon et lorsqu’il était là, il traitait ses propres affaires, les temps consacrés à écouter les rapports des autres membres de la direction étaient très courts”, a expliqué jeudi un directeur général adjoint d’Olympus, Hisashi Mori, lors d’une conférence de presse.

M. Woodford, qui avait été nommé en début d’année, affirme pour sa part avoir été écarté en raison d’explications demandées aux autres dirigeants sur les honoraires versés dans le cadre du rachat de Gyrus en 2007, ainsi que sur les montants d’acquisition de trois entreprises nippones dont l’activité apparaît sans grand rapport avec le coeur de métier d’Olympus.

Celui désigné pour remplacer le quinquagénaire britannique éconduit, Tusyoshi Kikukawa, 70 ans, a pour sa part été poussé à la démission mercredi, l’affaire tournant au vinaigre et d’aucuns soupçonnant la présence en coulisse de groupes mafieux.

La querelle, qui connaît des rebondissements quotidiens, a provoqué une chute vertigineuse de l’action Olympus, laquelle a fondu de plus de moitié en deux semaines à la Bourse de Tokyo, sur fond de fronde d’actionnaires et d’investigations des services financiers.

“Il est inexact que ces rachats soient illégaux ou qu’il y ait des points irréguliers”, a écrit Olympus dans un document-plaidoyer.

Pour le rachat de Gyrus, le groupe japonais avait déjà auparavant reconnu avoir payé 687 millions de dollars à une société de conseils, un montant en grande partie lié au rachat ultérieur d’actions préférentielles offertes à cet intermédiaire au moment de la transaction et dont la valeur s’est élevée entre-temps.

Jeudi, la direction d’Olympus a consenti à livrer le nom de cette firme, Axes, dirigée par un Japonais expatrié aux Etats-Unis, Hajime Sagawa, choisi pour “son expérience et son entregent”.

Par la voix de son nouveau PDG, Shuichi Takayama, Olympus s’est surtout employé jeudi à tenter de démontrer la logique stratégique qui a présidé à la reprise de Gyrus pour l’équivalent de 1,3 milliard d’euros à l’époque, ainsi qu’à celle des trois entreprises japonaises – une firme de compléments alimentaires et cosmétiques, une société de recyclage de matériel médical et un fabricant de récipients alimentaires pour four à micro-ondes.

“Il n’est pas exagéré de dire que le rachat de Gyrus est un succès”, a-t-il même ajouté.

Toutes ces activités forment un ensemble cohérent allant de la prévention sanitaire au recyclage d’instruments médicaux en passant par le diagnostic et le traitement, a expliqué M. Takayama, précisant qu’Olympus ambitionnait de “devenir un fabricant intégral dans le domaine médical”.

Pourquoi ces explications n’ont-elles pas été données plus tôt? Pourquoi ne pas les avoir présentées directement à M. Woodford, ce qui aurait peut-être évité le scandale?, s’interrogent ouvertement nombre d’actionnaires et observateurs.

“Nous ne pensions pas qu’en ne le faisant pas, l’affaire dégénèrerait à ce point”, a avoué M. Mori.

Bien que l’action Olympus se soit redressée de 23% à la clôture jeudi après la divulgation de nouvelles informations, les acteurs du marché jugent qu’Olympus n’a pas encore éliminé tous les doutes entourant les transactions.

Le cas Olympus soulève le problème de la gouvernance des entreprises japonaises qui ont peu d’administrateurs extérieurs indépendants, selon les chambres de commerce étrangères.