Il y eut le jour le plus long, et voici la nuit la plus longue. La nuit n’a pas manqué à sa vocation car elle a porté bon conseil et permis à l’euro de ne pas sombrer à l’occasion de la restructuration de la dette grecque.
L’Union européenne, au terme d’une nuit des plus agitées qui soit, a pu dans la soirée du 26 au 27 octobre sauver les meubles, en dénouant la crise des banques d’investissement de l’Union, celles-là mêmes qui se sont retrouvées plombées avec les titres de la dette grecque. Ce faisant, elle a évité aux pays émergents de la Méditerranée -dont la Tunisie- de se retrouver exposés à une crise financière aux conséquences incalculables.
La crise des banques européennes connaît-elle une simple rémission ou une solution définitive?
La Grèce prodigue dilapide les fonds de l’UE
La Grèce a menti sur ses statistiques officielles. Elle était surendettée et elle le dissimulait. Les agences de notation n’ont rien vu ou peut-être ont-elles entériné, qui sait?, mais le pot aux roses a fini par être découvert. La Grèce, prodigue s’est retrouvée au pied du mur. Par deux fois, l’UE a volé à son secours. Elle a saigné l’Union au plan financier.
Une fois encore la Grèce est au pied du mur, menacée d’un défaut de paiement. La dette grecque est financée à près de 90% par des souscripteurs étrangers, essentiellement composés de banques d’investissement françaises, allemandes et anglaises. Le défaut de paiement de la Grèce aurait provoqué une crise bancaire systémique en Europe. Comme s’il ne suffisait pas qu’elles soient mises à l’index par le FMI à cause de leur sous-capitalisation et par voie de conséquence de leur faible provisionnement.
L’ardoise grecque les aurait mises à bas et sonné le glas pour la monnaie unique. C’est ce que vient d’éviter le sommet de Bruxelles qui aura été de ce point de vue celui de la dernière chance. Enfin, on peut souffler car cela aurait mis les réserves de change, des pays du pourtour méditerranéen, à rude épreuve.
Le bras de fer entre les banques et les Etats
Bruxelles resteras dans l’histoire comme la capitale de bonne fortune de l’euro. Dans la nuit du 26 au 27, la capitale de l’Europe a vécu un épisode d’exception. Les dirigeants des principales banques européennes annoncent qu’elles refusent la restructuration de la dette grecque annoncée par les chefs d’Etat. L’opération se chiffre à 100 milliards d’euros, ardoise faramineuse qu’on voulait qu’elles passent par pertes et profits. Les banques ont refusé d’obtempérer et l’ont fait connaître à l’opinion par communiqué de presse.
Retour à la table des négociations et voilà les chefs d’Etat qui capitulent face aux banquiers. Ils donnent leur engagement pour garantir l’autre moitié de la dette et délivrent leur cautionnement pour la somme de 100 milliards d’euros. De la sorte, l’Union a pu enjamber la crise des banques. Ajouter qu’en sauvant les banques elle a profité pour se doter d’un «FMI» européen.
Un nouveau système monétaire international?
En consolidant les banques, les Européens ont aussi convenu de quadrupler les ressources du Fonds de stabilisation financière européen (FSFE), soit leur FMI à eux. Doté d’un capital de 1.000 milliards d’euros, ce fonds servira comme rempart à la propagation de la crise financière de la Grèce qui menaçait d’impacter l’Espagne et le Portugal, et peut-être même l’Italie, après avoir affecté l’Irlande.
Simple répit ou salut définitif pour la monnaie unique? Les dirigeants européens ont annoncé que le FSFE sera un véritable trésor de guerre constitué d’apports en frais et non de crédits. Il en coûtera à l’Europe en pleine crise d’austérité de consolider les ressources du fonds de stabilisation financière. Mais c’est le prix à payer pour sauver l’euro. Et le coup de force, ici, c’est que la Chine aurait accepté de participer au FSFE. C’est la première fois que la Chine entreprend de manière sérieuse de diversifier ses énormes réserves de change qui se monteraient à 3.000 milliards de dollars et exclusivement investies en bons du trésor américain. Un tel engagement de la part de la Chine vaut plébiscite définitif pour l’euro. Plus encore, l’engagement de la Chine vient équilibrer le Système Monétaire International (SMI) qui marchera désormais sur deux jambes.