Sarkozy crève l’abcès avec une révision drastique de la prévision de croissance

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à la télévision, dans un bar à Lyon, le 27 octobre 2011. (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[27/10/2011 21:59:38] PARIS (AFP) Le président français Nicolas Sarkozy a crevé l’abcès jeudi soir en annonçant une révision drastique de la prévision de croissance pour 2012, ramenée de 1,75% à 1%, comme en Allemagne, avec à la clé un nouveau plan d’austérité de 6 à 8 milliards d’euros dont le détail reste à arrêter.

Alors que les spéculations allaient bon train sur le calendrier d’une annonce que chacun savait inéluctable, le président de la République a pris tout le monde de court lors de sa grande explication de texte sur le sommet de Bruxelles, diffusée simultanément sur TF1 et France 2.

Les mesures du nouveau plan d’austérité seront annoncées “dans les dix jours”, a-t-il précisé, autrement dit au lendemain du sommet du G20 convoqué les 3 et 4 novembre à Cannes sous présidence française.

Une ligne rouge est cependant fixée. “En aucun cas”, a spécifié Nicolas Sarkozy, il n’est question d’une augmentation généralisée de la TVA. “Pour une raison assez simple: c’est que ça pèserait sur le pouvoir d’achat des Français” et “sur la consommation”, a-t-il tranché.

Moins de 24 heures après l’accord arraché à Bruxelles sur le sauvetage de la zone euro, la France donne ainsi de nouveaux gages de transparence aux marchés mais surtout aux agences de notation qui ont mis le précieux “triple A” français sous observation.

L’Allemagne avait pris les devants une semaine plus tôt jour pour jour, ramenant sa propre prévision de croissance pour l’an prochain de 1,8% à 1% également.

Reste désormais au gouvernement à mettre les mains dans le cambouis pour trouver les “6 à 8 milliards” d’euros d’économies et de recettes fiscales supplémentaires. Elles seront nécessaires pour tenir les engagements de réduction des déficits avec une croissance en berne.

Sans entrer dans les détails, le président Sarkozy a annoncé les grands axes de ce nouveau plan d’austérité. Il ne s’agit pas, selon lui, de “multiplier les mesures” mais de “privilégier celles qui renforceront (la) compétitivité” de l’économie française.

“La clé, c’est la croissance et le travail”, a-t-il insisté.

Quelques instants plus tard, la ministre du Budget Valérie Pécresse a assuré lors d’un débat télévisé “qu’aucune mesure n’est arbitrée” mais qu’il s’agira de nouvelles économies portant pour l’essentiel sur les dépenses de fonctionnement. L’objectif, selon elle, sera de soutenir “la compétitivité” tout en veillant à “l’équité”.

La révision de la croissance française était devenue d’autant plus inévitable que, comme l’a déploré jeudi Laurence Parisot, présidente du Medef, l’économie réelle “commence à être atteinte” par l’onde de choc de la crise financière.

Le chômage a grimpé en flèche en septembre. Il frappe désormais près de 2,8 millions de personnes qui sont privées de toute activité, un chiffre sans précédent depuis janvier 2000.

Quant au “consensus des économistes”, il ne tablait plus ces derniers jours que sur 0,8 ou 0,9% de croissance en 2012.

Caduc avant même d’avoir été définitivement adopté par le Parlement, le budget 2012 va donc devoir être revu et corrigé.

Le concours Lépine de la discipline est ouvert. Des députés UMP avaient dégainé les premiers, suggérant un nouveau taux intermédiaire de TVA, entre les 5,5% et les 19,6% d’aujourd’hui.

Idem pour l’impôt sur les sociétés qui pourrait être alourdi. “C’est une piste qui toucherait essentiellement les grands groupes”, expliquait-on jeudi à Bercy.