Etats-Unis : crime et châtiment chez les Madoff

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à New York (Photo : TIMOTHY A. CLARY)

[31/10/2011 16:37:38] NEW YORK (AFP) Trois ans après le scandale Madoff aux Etats-Unis, le fils et la femme de l’escroc condamné pour une gigantesque fraude pyramidale ont décidé de régler leurs comptes avec l’ancien financier new-yorkais, refusant de pardonner à celui qui a torpillé leur vie.

Dans un livre paru lundi aux Etats-Unis et dans une série d’interviews aux médias, Andrew et Ruth Madoff racontent pour la première fois la trahison, la honte, le choc, lorsque l’homme d’affaires leur a annoncé le 10 décembre 2008 que ses affaires florissantes n’étaient de fait qu’un énorme “mensonge”, une fraude “à la Ponzi”, et qu’il avait perdu “50 milliards de dollars”.

“J’ai cru que ma tête allait exploser. Il m’aurait dit qu’il était un extra-terrestre, je n’aurais pas été plus surpris”, a raconté Andrew Madoff, son fils cadet sur CBS dimanche soir. “Je ne savais absolument rien de tout cela”, a-t-il affirmé.

“Je vous ai tous menti, toutes ces années. J’ai menti à tout le monde”, aurait alors avoué Bernard Madoff en larmes.

Absolument furieux, le fils aîné, Mark, “tremblant de rage”, quitte alors la pièce. Andrew suit. Ruth Madoff, qui affirme n’avoir jamais eu le moindre soupçon sur son mari, reprend le cours de sa journée et assiste avec Bernard Madoff à la fête de Noël de sa société.

Ses fils dénoncent leur père au FBI et il est arrêté le matin suivant à 7H00.

“C’est impardonnable, aucun père ne devrait faire ça à ses fils” a confié Andrew Madoff, qui, comme son frère Mark, travaillait avec son père. J’ai été “utilisé comme une sorte de bouclier humain” pour cacher ses malversations.

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à son mari en prison à New York, le 1er juin 2009 (Photo : Yvonne Hemsey)

Mark, 46 ans, anéanti par le scandale – même si les frères n’ont jamais été inculpés – s’est pendu en décembre dernier, deux ans jour pour jour après les aveux de son père.

Pendant plus de deux ans, Ruth Madoff, 70 ans, désormais installée en Floride, soutient un mari qu’elle a connu à l’âge de 13 ans et épousé à 18.

Elle lui rend visite en prison, elle lui téléphone, malgré les doutes sur sa fidélité, malgré la haine générée par sa gigantesque escroquerie qui a lésé des milliers de victimes, et en dépit des supplications de ses fils pour qu’elle coupe tout lien avec lui.

“Je ne pouvais pas abandonner l’homme avec lequel j’avais passé quasiment toute ma vie”, a-t-elle raconté au New York Times, dans une interview publiée lundi, même si ce qu’il a fait est “au delà de l’imaginable”.

Au coeur du scandale, le couple essayera même de se suicider en prenant des médicaments, mais en trop faible dose, ce dont elle se réjouit aujourd’hui.

Depuis le suicide de son fils, cette femme menue à la voix rauque, toujours attaquée sur internet par ceux qui ne croient pas en son innocence, a coupé tous les ponts avec Bernard Madoff. Comme il continuait à l’appeler, elle a changé son numéro de téléphone.

Elle doute de jamais pouvoir mettre fin à l’hostilité qui entoure sa famille, en dépit de ce livre intitulé “Truth and consequences: Life inside the Madoff Family” (La vérité et ses conséquences, la vie dans la famille Madoff).

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écembre 2010 à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

Elle espère simplement, a-t-elle confié au New York Times, “pouvoir marcher dans la rue et redresser un peu la tête”.

Pendant près de 20 ans, Bernard Madoff, une des célébrités de Wall Street, n’avait jamais placé un seul centime des sommes confiées par ses clients, piochant dans les fonds des nouveaux clients pour rétribuer ou rembourser les clients plus anciens.

Richissime, il vivait avec sa famille sur un grand pied, avec avion privé, yacht et résidences de luxe.

Il s’était retrouvé au pied du mur en décembre 2008 lorsque avec la crise un nombre croissant d’investisseurs avaient demandé à récupérer leur dû.

A 73 ans, il purge une peine de 150 ans de prison à la prison de Butner, en Caroline du nord, où il travaille pour 170 dollars par mois.