Tempête noire sur les Bourses après l’annonce d’un référendum en Grèce

photo_1320154682417-1-1.jpg
à la Bourse de Francfort le 29 septembre 2011 (Photo : Fredrik Von Erichsen)

[01/11/2011 13:38:55] PARIS (AFP) Les Bourses en Europe, valeurs bancaires en tête, dévissaient fortement mardi après-midi, au lendemain de l’annonce surprise d’un référendum en Grèce sur le plan de sauvetage européen du pays, ravivant les craintes d’une faillite de la Grèce et d’un éclatement de la zone euro.

Vers 14H15 (13H15 GMT), les marchés d’actions voyaient leurs pertes de la matinée aggravées et plongeaient de plus de 6% à Francfort, plus de 5% à Paris et Madrid, tandis que Milan s’écroulait de 7%, et Londres cédait plus de 3%.

L’Asie n’a pas échappé à la morosité, la Bourse de Tokyo cédant en clôture 1,70%, Hong Kong 2,49%, tandis que Shanghai finissait à l’équilibre.

La réapparition des inquiétudes sur la zone euro avait également déprimé la Bourse de New York lundi soir, le Dow Jones perdant plus de 2%.

La Banque centrale européenne (BCE), présidée depuis ce mardi par l’Italien Mario Draghi, a acheté de la dette italienne par crainte d’une contagion de la crise de la dette grecque, ont indiqué mardi des opérateurs de marché.

Un “non” des Grecs au référendum prévu en janvier par leur gouvernement sur le plan européen de désendettement menacerait la “viabilité” de la zone euro, avec un risque de faillite de la Grèce, qui pourrait sortir de l’euro, a averti mardi l’agence de notation Fitch Ratings.

Le projet grec est “tout sauf un cadeau”, a estimé la Fédération allemande des banques privées (BdB), à l’unisson avec plusieurs responsables politiques.

Le Premier ministre grec George Papandréou “porte une très lourde responsabilité” avec ce référendum, a estimé le Premier ministre belge Yves Leterme.

“Un défaut de la Grèce à 100% n’est plus à exclure. Ce qui risque d’avoir automatiquement des répercussions sur l’assise financière des banques et va accroître leurs risques de recapitalisation”, a expliqué un intervenant sur le marché qui a requis l’anonymat.

“Que va-t-il se passer si le peuple dit +Non+? Le risque est que la communauté internationale coupe l’arrivée d’argent et que le pays finisse par quitter l’euro. Il y a de quoi inquiéter sérieusement les investisseurs”, a commenté à Francfort Christoph Weil, analyste de Commerzbank.

Malgré le projet grec, les présidents de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont dit mardi avoir “pleine confiance” dans le respect par le Grèce de ses engagements à l’égard de la zone euro.

Pour autant, “la question est de savoir comment les décisions prises au sommet de Bruxelles pourront être mises en place avec cette interrogation sur la décision de la population grecque”, affirme-t-on chez BNP-Paribas.

Ce référendum “rouvre la boîte de Pandore concernant l’ampleur exacte des pertes qui devront être supportées par les institutions financières”, soulignent les analystes du CM-CIC.

Les banques ont déjà accepté d’effacer 50% de leurs créances sur la Grèce dans le cadre du plan anti-crise mis en place très difficilement la semaine dernière au sommet européen de Bruxelles.

L’accord européen est critiqué en Grèce pour l’abandon de souveraineté qu’il implique.

Désormais tout est à nouveau sur la table, note-t-on dans les salles de marché.

“Le risque d’une faillite à la Lehman (Brothers) a encore grandi”, a estimé Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg.

Les titres des banques européennes étaient les premiers à sombrer, notamment à Paris où les principales banques perdaient de 12 à près de 17% — en premier lieu la Société Générale et le Crédit Agricole– et à Francfort avec des chutes allant jusqu’à 10% pour la Commerzbank.

Signe de l’angoise des investisseurs, l’écart entre le taux des obligations à 10 ans de l’Allemagne et la France a atteint un nouveau record depuis la création de la zone euro mardi en début d’après-midi.

L’euro continuait à perdre du terrain mardi, affaibli par ces inquiétudes.

L’annonce lundi du dépôt de bilan du courtier américain MF Global, très exposé à la dette publique des pays de la zone euro, a également alimenté les craintes des investisseurs.

En outre, la situation est aggravée par un ralentissement, en octobre, de l’expansion de l’activité manufacturière en Chine, en raison d’un fléchissement brutal des commandes reçues par les exportateurs.

Le projet de référendum en Grèce va bouleverser la donne au G20 qui doit avoir lieu à Cannes (France), jeudi et vendredi, alors que les Européens comptaient arriver avec le sentiment du devoir accompli.

Le président français Nicolas Sarkozy devait téléphoner mardi à la mi-journée à la chancelière allemande Angela Merkel pour évoquer avec elle la décision grecque.