Tempête dans la zone euro : l’Italie surendettée en première ligne

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à Bruxelles le 27 octobre 2011 (Photo : Thierry Charlier)

[01/11/2011 18:04:00] ROME (AFP) L’annonce surprise d’un référendum en Grèce, qui menace le plan de sauvetage européen, place de nouveau l’Italie surendettée en première ligne d’un risque de contagion de la crise de la dette et a fait plonger la Bourse de Milan.

Moins d’une semaine après le satisfecit obtenu auprès de ses partenaires européens sur des promesses de réformes structurelles, l’Italie a connu une journée noire.

Avec des valeurs bancaires en chute, la Bourse a plongé jusqu’à plus de 7% à la mi-journée pour terminer la séance à -6,80%, son pire résultat depuis le début de la crise financière en octobre 2008. De leur côté, les taux d’intérêt ont atteint des sommets, nettement au-dessus de 6%, seuil jugé dangereux par les experts.

Le référendum en Grèce risque d’anéantir les effets de l’accord conclu jeudi dernier à Bruxelles, qui prévoit de porter la force de frappe du fonds de soutien européen de 440 milliards à 1.000 milliards environ pour éviter justement une contagion de la crise à la troisième économie de la zone euro.

L’écart de taux (spread), qui mesure la prime de risque entre les taux italien et allemand a atteint un nouveau record à 455 points de base, soit son plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la zone euro et une “hausse vertigineuse” de 55 points en une demi-journée, soulignait un analyste.

“Les taux d’intérêt montent au ciel, les Bourses tombent en enfer”, résumait le site d’information financière italien firstonline.info, qui qualifiait de “catastrophe” la décision du Premier ministre grec Georges Papandréou d’organiser un référendum.

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a dénoncé la décision grecque qui “pèse lourdement sur les échanges”. “Il s’agit d’un choix inattendu qui génère des incertitudes après le Conseil européen et à la veille de l’importante rencontre du G20 à Cannes”, a-t-il souligné.

Le Cavaliere, qui a quitté sa résidence milanaise pour regagner Rome en urgence, a tenté de rassurer les marchés. Les mesures annoncées à Bruxelles seront “présentées aux partenaires du G20” et “les choix du gouvernement seront appliqués avec la détermination, la rigueur et la rapidité imposées par la situation”, a-t-il assuré.

Son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, s’est entretenu avec son homologue grec Stavros Lambridinis qui lui a assuré que le référendum populaire “ne visait pas à remettre en cause le plan d’action défini à Bruxelles, mais à obtenir le plein soutien de la population”.

Selon des sources proches des marchés, les pressions sur les marchés ont contraint la Banque centrale européenne à intervenir, en rachetant de la dette obligataire italienne, au jour de l’entrée en fonctions de son nouveau directeur, l’Italien Mario Draghi.

“La situation est extrêmement grave. Nous savons tous que si nos taux d’intérêt s’approchent de 7%, le risque devient incontrôlable”, a déclaré à la chaîne de télévision SkyTG24 Nicola Rossi, économiste et sénateur de l’opposition, estimant que “l’Italie est le maillon faible de la chaîne euro”.

Si la décision grecque a eu un impact sur l’ensemble des Bourses européennes, l’Italie et l’Espagne ont été touchées en première ligne. “Ces pays ont des difficultés à se refinancer sur le marché car les investisseurs ont des craintes, sans doute exagérées”, estime René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.

“L’Italie n’est pas la Grèce. C’est un grand pays, industriel, avec l’un des excédents primaires les plus élevés de la zone euro”, tempère-t-il, sans oublier toutefois les handicaps de la péninsule, notamment une “croissance très faible” et une dette colossale (1.900 milliards d’euros, soit environ 120% du PIB).

Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, la situation de l’Italie “s’est détériorée à cause de nos hésitations. Nous nous sommes mis tout seuls dans ce pétrin et nous ne pouvons nous en sortir que tout seuls. Tout dépend de nous”, lance son directeur Roberto Napoletano dans un éditorial mis en ligne dans la journée.

Même écho chez Antonio di Pietro, chef du parti d’opposition Italie des Valeurs, pour qui “il ne faut pas faire endosser au référendum grec la responsabilité du gouvernement italien”. “En Italie, il y a une anomalie dans l’anomalie, c’est le manque de crédibilité de cet exécutif. Il est la cause de la crise et ne peut donc pas être celui qui la soigne”, a-t-il estimé.