Berlusconi, fragilisé, veut arriver au G20 avec des mesures anti-crise

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à Bruxelles (Photo : Eric Feferberg)

[02/11/2011 13:12:48] MILAN (Italie) (AFP) Au lendemain d’une journée de panique sur les marchés, Silvio Berlusconi voulait accélérer avant le G20 sur les mesures destinées à mettre l’Italie à l’abri de la crise mais sa position est très fragilisée et les appels à un gouvernement d’union nationale se multiplient.

Après une première réunion mardi soir, le chef du gouvernement italien a de nouveau retrouvé mercredi matin ses principaux ministres à Rome pour mettre au point les mesures anti-crise promises à ses partenaires européens la semaine dernière.

Un conseil des ministres devait être convoqué mercredi soir afin que le Cavaliere puisse arriver jeudi au G20 de Cannes avec un premier train de mesures destinées à relancer la croissance et à réduire la dette colossale de 1.900 milliards d’euros du pays (environ 120% du PIB).

Selon la presse, les mesures envisagées par le gouvernement concernent comme prévu les cessions d’actifs publics, la réforme du marché du travail, un plan de relance du Sud défavorisé, les infrastructures, la libéralisation des professions ou la simplification de l’administration.

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à Luxembourg (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Mais d’autres mesures “choc” ne seraient pas exclues comme un mini-impôt sur la fortune ou une taxe ponctuelle sur les comptes courants.

Le ministre de l’Economie et des Finances, Giulio Tremonti, a par ailleurs convoqué à 14H00 GMT le comité de stabilité financière, qui réunit les plus hautes autorités économiques italiennes, dont le nouveau gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco.

L’Italie s’est retrouvée mardi en première ligne de l’attaque de panique des marchés après la décision de la Grèce de soumettre le plan de sauvetage européen à un référendum.

Les investisseurs, qui craignent de plus en plus que la péninsule ne soit la prochaine victime de la crise de la dette, se sont massivement délestés des titres de dette italienne et des valeurs bancaires.

Résultat, les taux italiens ont été propulsé à des niveaux records et la Bourse de Milan a chuté de près de 7%, du jamais vu depuis le début de la crise financière en 2008.

Mercredi, la Bourse faisait du yo-yo, prenant 1,17% vers 12H15 GMT, après avoir ouvert en hausse et être passée dans le rouge en fin de matinée tandis que les taux stationnaient toujours nettement au-dessus de la barre des 6%, au-delà de laquelle la dette italienne est difficilement supportable, malgré le rachat d’obligations italiennes sur le marché par la BCE.

Les promesses d’action de Rome se heurtent toutefois à l’affaiblissement de la majorité et du gouvernement, secoué par les tensions entre MM. Berlusconi et Tremonti, et à la multiplication des appels à la démission du Cavaliere pour former un gouvernement d’union nationale.

Selon un sondage publié mercredi, la cote de popularité de Silvio Berlusconi a poursuivi sa chute libre à un plus bas historique de 22% tandis que le centre-gauche dépasse la droite de 10 points dans les intentions de vote.

“Le temps de Berlusconi est fini. La résistance du Cavaliere n’a plus de sens”, martèle le Corriere della Sera dans un éditorial tandis que le patronat a lancé mardi soir un nouvel ultimatum à l’exécutif.

Face à cette situation, l’opposition a affirmé qu’elle était prête à prendre ses responsabilités en soutenant un gouvernement d’union nationale.

L’Italie a besoin de “personnalités crédibles sur le plan international”, qui soient soutenues par une “large” majorité au Parlement, a déclaré le chef du Parti Démocrate (gauche), Pier Luigi Bersani.

Le président Giorgio Napolitano s’est montré lui aussi de plus en plus pressant et a réclamé l’adoption urgente de mesures “efficaces” contre la crise.

Conscient que le gouvernement Berlusconi reste majoritaire au Parlement, il a tout de même menacé de vérifier la possibilité d'”une nouvelle perspective”, signe pour les commentateurs qu’il a entendu les appels à la formation d’un gouvernement de transition.