ésident russe Dmitri Medvedev (G) et la présidente et Premier ministre suisse Micheline Calmy-Rey, le 30 octobre 2011 à Gorki près de Moscou (Photo : Dmitry Astakhov) |
[02/11/2011 23:46:19] MOSCOU (AFP) La Russie a accepté un accord avec la Géorgie sous médiation suisse qui ouvre la voie à une adhésion de Moscou à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après 18 ans de négociations tortueuses, ont annoncé jeudi des responsables géorgiens et russes.
L’annonce a d’abord été faite par Tbilissi, qui attendait une réponse de Moscou sur une proposition faite la semaine dernière par la Suisse, et destinée à lever les derniers obstacles pour une entrée de la Russie dans le temple international du commerce.
“Les Russes ont accepté la proposition suisse. Nous n’avons pas de détails sur leur décision, mais il semble que l’accord soit fait”, a déclaré à l’AFP le ministre adjoint des Affaires étrangères Sergi Kapanadze.
Moscou a confirmé avoir accepté l’accord avec Tbilissi, selon l’agence russe Interfax. “Nous sommes heureux que la Géorgie ait soutenu le projet et que l’accord ait finalement été conclu”, a déclaré le négociateur en chef russe, Maxim Medvedkov.
M. Kapanadze a indiqué qu’une délégation géorgienne arriverait dans la journée de jeudi en Suisse pour des négociations avec les Russes et les médiateurs suisses.
“Je pense que l’accord sera signé dans quelques jours”, a-t-il dit.
La Géorgie, en tant qu’Etat membre de l’OMC, bloquait l’entrée de la Russie dans l’organisation depuis la guerre éclair de 2008 qui a opposé ces deux pays pour le contrôle de la région séparatiste géorgienne d’Ossétie du Sud.
Après ce conflit, Moscou a reconnu l’indépendance de ce territoire, ainsi que celle d’une autre province séparatiste géorgienne, l’Abkhazie.
Depuis, Tbilissi continue de revendiquer sa souveraineté sur ces territoires, et donc son droit d’en surveiller les frontières, ce qui constituait un point de friction dans les pourparlers entre les deux parties.
Mais la semaine dernière, cette ex-république soviétique du Caucase a jugé “acceptable” une proposition de Berne.
Selon M. Medvedkov, l’accord prévoit notamment qu’une entreprise privée indépendante contrôlera l’entrée et la sortie de biens commerciaux dans la région, et servira de médiateur entre les douaniers géorgiens et russes.
Cette avancée majeure devrait permettre à la Russie, dernière grande puissance économique à ne pas faire partie du temple mondial du commerce, à conclure ses longues et tortueuses négociations avec l’organisation, entamées en 1993.
En début de semaine, le conseiller économique du Kremlin Arkadi Dvorkovitch avait indiqué espérer que la Russie décroche son sésame le 15 décembre, lors d’une réunion des ministres des Finances de l’OMC, au cours de laquelle l’adhésion de Moscou sera soumise à un vote.
Les analystes sont unanimes pour dire que la Russie tirera de nombreux bénéfices de son entrée dans l’arène internationale du commerce, avec en premier lieu une amélioration de son climat d’investissement, qui pour l’heure est loin d’être reluisant.
Mais cette adhésion a aussi un coût, ce que l’homme fort de Russie, Vladimir Poutine, à de nombreuses reprises souligné depuis son arrivée au pouvoir en 2000.
Elle devrait sonner la mort de plusieurs entreprises russes qui vont voir le marché domestique inondé par des produits moins chers, et probablement de meilleure qualité.
“Toutefois, nous pensons que nombre de ces inquiétudes reflètent un manque de compréhension sur la nature exacte et l’ampleur des gains potentiels d’une entrée à l’OMC”, a écrit récemment Renaissance Capital dans une note, qui souligne que le pays gagnera en concurrence à terme.