à son successeur, Mario Draghi, le 19 octobre 2011 à Francfort (Photo : Kai Pfaffenbach) |
[03/11/2011 06:04:07] FRANCFORT (AFP) Le tout nouveau chef de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi passe jeudi son baptême du feu, en présidant sa première réunion mensuelle du conseil des gouverneurs, dans une zone euro en pleine tourmente et en parallèle du sommet du G20 à Cannes.
A charge pour lui de séduire des marchés et des analystes qui voient de plus en plus en la BCE la seule autorité désormais capable de sortir la zone euro des abysses.
Arrivé mardi à la tête de l’institution monétaire de Francfort (ouest) au lendemain de l’annonce choc de la Grèce d’un référendum sur le plan de sauvetage né la douleur quelques jours auparavant, M. Draghi doit plonger sans délai dans le vif d’une crise de la dette qui a progressivement mué en crise de confiance aiguë envers l’union monétaire.
“La BCE peut jouer un rôle clé pour calmer les marchés” en annonçant qu'”elle est prête à défendre les pays en manque de liquidités mais solvables (…) contre toute panique irrationnelle des marchés”, estime Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg.
Faudrait-il encore qu’elle en ait l’envie, ce qui n’est pas évident.
Certes, depuis mai 2010, elle accepte de racheter des obligations publiques des pays en difficulté de la zone sur le marché secondaire, pour tenter d’empêcher l’envol de leurs taux d’emprunt. Mais elle le fait de manière trop parcimonieuse et surtout avec une mauvaise grâce affichée qui ne peut que refroidir les marchés, juge Holger Schmieding, chef économiste dans la même banque.
Or seule une intervention massive pourrait significativement “impressionner les marchés”, selon lui.
Pour Nick Matthews de RBS, M. Draghi, soucieux comme son prédécesseur Jean-Claude Trichet de rester dans les limites du mandat qui lui a été attribué -à savoir fixer le taux d’intérêt directeur en zone euro et contenir l’inflation-, pourrait bien se contenter d’annoncer que ce programme “se poursuit”.
Quant au taux directeur, il devrait être maintenu, sauf surprise, à 1,50%, estiment la majorité des économistes, malgré la menace de récession.
“Les nouvelles économiques appellent clairement une baisse des taux”, estime pourtant notamment Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Mais M. Draghi aura à coeur de se montrer “ferme” pour les premières décisions prises sous sa responsabilité, afin entre autres de ne pas déplaire aux “faucons” allemands opposés à la fois au rachat d’obligations et à un relâchement du baromètre du crédit, estime Christian Schulz.