Crise : la pression s’accentue sur l’Italie, les taux à un niveau record

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éenne Herman Van Rompuy à Cannes le 3 novembre 2011 (Photo : Dylan Martinez)

[03/11/2011 11:57:25] MILAN, Italie (AFP) La pression des marchés s’accentuait jeudi sur l’Italie dont les taux se sont envolés à un nouveau record malgré l’adoption de mesures par le gouvernement Berlusconi, signe que les investisseurs doutent plus que jamais de sa capacité à faire face à la crise.

Juste avant le début du G20 à Cannes (sud-est de la France), les taux d’intérêt italiens à dix ans ont atteint un record historique à 6,402% en début de matinée avant de se replier un peu.

Ces niveaux de taux sont difficilement supportables à long terme pour la péninsule, étant donné sa dette colossale de 1.900 milliards d’euros, soit 120% du PIB.

Le précédent record avait été atteint le 5 août, juste avant que le gouvernement n’accepte d’adopter de nouvelles mesures d’austérité, en échange du soutien de la Banque centrale européenne (BCE).

Mais si le rachat de dette italienne par l’institution de Francfort a permis de calmer les tensions dans un premier temps, il n’a pas empêché les taux de bondir ces dernières semaines.

Les marchés ont de plus en plus peur que l’Italie ne soit la prochaine victime de la crise, des craintes qui ont été multipliées après l’annonce-choc lundi d’un référendum en Grèce sur le plan de sauvetage européen.

Sous pression après une journée de panique sur les marchés mardi, le gouvernement Berlusconi a pourtant adopté mercredi soir une partie des mesures destinées à relancer la croissance atone et à réduire la dette, promises la semaine dernière par le Cavaliere à ses partenaires européens.

Le contenu de ce train de mesures, qui devrait être validé au parlement à la mi-novembre, n’est pas encore finalisé mais il comprendrait notamment, selon des sources gouvernementales, des cessions d’actifs publics, la libéralisation des professions réglementées, des déductions fiscales pour relancer les chantiers d’infrastructures ou la simplification des procédures administratives.

L’hypothèse d’un impôt sur la fortune n’a en revanche pas été retenue.

Mais selon la presse et les analystes, ces mesures semblent insuffisantes pour rassurer les marchés.

Le quotidien économique Il Sole 24 Ore critique un “mini-plan” et estime que Silvio Berlusconi se rend au G2O avec les “mains presque vides”.

“Le marché attend l’adoption des mesures les plus urgentes comme la réforme du marché du travail”, souligne de son côté, Fabio Fois, économiste de Barclays Capital.

Selon le gouvernement, cette réforme, qui doit notamment permettre de faciliter les licenciements économiques, sera adoptée dans un deuxième temps car il veut en discuter avec les syndicats qui ont menacé d’appeler à la grève.

Mais les marchés jugent que dans tous les cas la majorité du Cavaliere, dont la cote de popularité a chuté à un minimum historique de 22%, est trop affaiblie pour adopter des réformes ambitieuses.

“Le gouvernement est perçu comme ayant perdu sa capacité d’action”, observe M. Fois.

Jeudi, six parlementaires du parti PDL de Silvio Berlusconi, surnommés les “mécontents”, ont adressé une lettre au Cavaliere pour réclamer l’élargissement de la majorité, condition sine qua non pour qu’ils continuent à le soutenir.

Mais l’opposition a fixé la démission du Cavaliere comme préalable à la formation d’un gouvernement d’union nationale pour sortir l’Italie de la crise.

“Tout le monde a compris, sauf l’intéressé, que le problème n’est pas le médicament, qui peut être amer, mais le médecin. Le président du Conseil n’en prend pas acte”, a lancé le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, ex-dauphin du Cavaliere, dans l’opposition depuis fin 2010.