Fukushima : l’Etat aide Tepco en échange de sacrifices draconiens

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ésident de Tepco Toshio Nishizawa fait un point presse le 4 novembre 2011 à Tokyo. (Photo : JIJI PRESS)

[04/11/2011 14:33:30] TOKYO (AFP) L’Etat japonais a accordé vendredi une aide exceptionnelle de plus de 8 milliards d’euros à Tokyo Electric Power pour indemniser les victimes de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, en échange d’une sévère restructuration, avec des milliers d’emplois supprimés.

Tepco doit débourser des centaines de milliards de yens (milliards d’euros) pour dédommager les personnes et entreprises affectées par l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima à la suite du violent séisme et de l’effroyable tsunami du 11 mars.

Le gouvernement a approuvé vendredi un premier acompte de 900 milliards de yens (plus de 8 milliards d’euros) à la compagnie, laquelle manque cruellement de trésorerie.

En échange de cette avance financière, et conformément aux recommandations d’un panel d’experts, la compagnie s’engage à revoir en profondeur ses méthodes d’approvisionnement, rationaliser son fonctionnement, repenser son mode de facturation, réduire sa main-d’oeuvre et sabrer les retraites et émoluments de son personnel.

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é 3 de la centrale nucléaire de Fukushima. (Photo : Tepco)

Le plan d’économies est la condition sine qua non à l’octroi de fonds étatiques.

“Puisque vous utilisez de l’argent public pour indemniser les victimes, je souhaite que vous mettiez en oeuvre un +plan spécial d’activités+ qui permette de dégager au moins 2.500 milliards de yens (environ 23 milliards d’euros) en 10 ans”, avait déclaré il y a peu le ministre de l’Industrie, Yukio Edano, au patron de Tepco, Toshio Nishizawa.

Tepco, qui n’a guère le choix, va réduire ses effectifs de 14% (7.400 personnes) d’ici à mars 2014, continuer d’appliquer les réductions de salaires décidées après l’accident, renoncer à des activités non essentielles, rediscuter les contrats avec ses fournisseurs, réduire ses investissements ou encore vendre des biens immobiliers ainsi que des actifs financiers.

Après avoir déjà affiché pour l’année budgétaire passée une perte financière de 1.250 milliards de yens (11 milliards d’euros) à cause de l’accident de Fukushima survenu au cours du dernier mois d’exercice, la compagnie a fait état vendredi d’un nouveau déficit de 627,3 milliards de yens (5,7 milliards d’euros) au cours du premier semestre 2011-2012.

Dans ces circonstances, une sévère restructuration du groupe tentaculaire semble être la seule façon de garantir des fonds pour dédommager les dizaines de milliers d’habitants, exploitants agricoles et entrepreneurs condamnés à abandonner leurs propriétés et activités à cause de la contamination.

Ses difficultés financières sont d’autant plus rudes que la compagnie est privée depuis près de huit mois de la plupart de ses réacteurs nucléaires, une situation qui ne va pas changer de sitôt et qui l’oblige à acheter des cargaisons gigantesques de pétrole et autres carburants pour faire turbiner ses centrales thermiques.

Reste que Tokyo Electric Power, qui alimente en électricité la capitale nippone et sa région, est une entreprise si essentielle pour l’économie du Japon qu’elle ne peut être abandonnée par l’Etat, bien qu’elle oblige les pouvoirs publics à jongler avec des lois d’exception.

“Si nous n’avions pas l’aide des pouvoirs publics, il ne fait aucun doute que nous serions tombés dans une situation extrêmement difficile”, a reconnu le patron de Tepco, Toshio Nishizawa, lors d’une conférence de presse.

Pour autant, une nationalisation, fût-elle partielle, “n’est pas à l’ordre du jour”, a-t-il assuré.

Tepco aurait besoin de quelque 4.540 milliards de yens (44 milliards d’euros) avant mars 2013 pour ces dédommagements, et de plus de mille milliards de yens (près de 10 milliards d’euros) pour démanteler ensuite les quatre réacteurs condamnés sur les six de Fukushima Daiichi.

Il faudra trente ans au moins pour y parvenir, trois des réacteurs étant si endommagés qu’une extraction du combustible paraît inenvisageable avant 2022, si tant est que la situation soit stabilisée sur le site d’ici à la fin de l’année et les rejets contrôlés.